Bibliographie
Jean PEUCH-LESTRADE
Membre
Livres
L’institution psychiatrique et psychanalytique, qui lui sert de principal support, est en crise. On parle de « désamour » (Le Monde du 2 mai 2024) pour le choix d’une profession humaniste, fille de la Révolution.
Politiques et moyens inadéquats, diront certains. Pour Jean Peuch-Lestrade, psychiatre et psychanalyste ayant une longue expérience de psychothérapie institutionnelle, il s’agit de réinterroger le soubassement de la découverte freudienne, sous sa forme plurielle : les transferts. Et leurs potentielles dimensions perverses au sein même des institutions psychiatriques autant que psychanalytiques.
Avec un courage et une exploration sans concession quant à l’éthique qui le supporte, rares dans le milieu feutré (refoulant) de ces cadres (notables disait Maud Mannoni) de formation et de soins, l’auteur dévoile un champ submergé auquel Freud lui-même n’a jamais apporté une contribution écrite. Celui de la perversion comme tyrannie du transfert, ou par un néologisme à l’efficacité redoutable, la « thérorie » qui peut surgir de l’axe porteur des transferts latéraux institutionnels.
266 pages.
Articles
Objectif
Nous nous proposons d’examiner les rapports entre la place de la psychanalyse à l’hôpital et la crise actuelle des professionnels du soin, elle-même plus largement prise avec celle qui a cours dans la société, dont les enjeux identitaires semblent au premier plan.
Méthode
Envisager la rencontre clinique à travers les deux axes du diagnostic et du transfert permet d’ouvrir la discussion sur les enjeux identitaires et identificatoires qui s’y croisent aussi.
Résultats
Ces deux axes se croisent dans toute rencontre clinique, mais la tentation actuelle serait de la réduire aux dimensions raisonnables du premier.
Conclusion
En voulant éviter ainsi les difficultés liées à la prise en compte du second, non seulement toute une partie de l’efficacité thérapeutique est perdue, mais encore c’est une des causes possibles des effets délétères sur les soignants d’une rencontre clinique dont l’enjeu central serait en priorité évaluatif, perdant ainsi de sa complexité et de son épaisseur. Et une des causes possibles de la crise actuelle de l’hôpital.
En partant du mot « génocide », l’auteur constate qu’avec les guerres, les mots risquent de perdre tout ou partie de leur polysémie. De même, une pluralité de perspectives est nécessaire pour appréhender la réalité de celles-ci. Il ouvre la perspective arendtienne de la « guerre d’anéantissement » pour mieux comprendre la guerre en Ukraine.
L’épidémie de Covid-19, par les aménagements concrets de notre cabinet qu’elle implique, nous amène à y rencontrer le monde commun dans lequel la solidarité se déploie pour y mettre un terme. Elle implique une dimension de symétrie, y compris de transfert, qui vient fortement déstabiliser notre pratique analytique, habitués que nous sommes à la concevoir comme hors-monde pour donner toute sa place au transfert, fondamentalement asymétrique. La crise environnementale nous impose aussi de réinterroger notre contrat narcissique et les rapports de certitude confiante dans la science qui en constituent, dans nos sociétés modernes, les énoncés du fondement. Ce trouble n’est-il pas à l’origine de la force de conviction des discours des prophètes de l’Apocalypse, qu’ils soient religieux, scientifiques ou psychanalytiques ?
Les absents (hommes, dieux et autres esprits) jouent un rôle considérable dans la création des signes qui servent, dans toute société, à désigner, nommer, et même instituer les places des présents et celles des absents tout en mettant du sens dans leurs relations. La sémiotique conçoit ainsi le processus d'humanisation à travers la création des signes alors que la psychanalyse a permis, à sa manière, de voir combien le monde des absents participe à la construction psychique du sujet.
Dans cet article, l'auteur propose de repenser la dimension de l'originaire dans la métapsychologie de Piera Aulagnier à partir de sa pratique clinique avec des enfants autistes en hôpital de jour. Il propose de penser que l'originaire est caractérisé par un non-transfert à la base de toutes les logiques identitaires. Ancrées dans des logiques de corps en présence plutôt que de représentation de l'absence, elles n'entrent pas dans une histoire au contraire du processus identificatoire dont il postule le commencement avec le primaire. Enfin, en s'appuyant sur la pensée d'Adolf Portmann, il propose de différencier les bio-logiques fonctionnelles, les morpho-logiques d'apparition/disparition des corps en présence et enfin les psycho-logiques ancrées dans la représentation de l'absence.
Dans cet article, J.Peuch-Lestrade évoque les différents types de lien que la psychanalyse a tissés avec la science au cours de son histoire : d’abord illusion scientiste d’un ancrage biologique avec Freud qui était un darwinien convaincu, puis illusion d’une a-scientificité avec Lacan et d’une place à part pour la psychanalyse entre science et philosophie, mais en écart irréductible et définitif avec la biologie, enfin désillusion actuelle liée à la perte rapide et accélérée de son statut de science au contraire des approches cognitivo-comportementales dont la dimension scientifique n’est pas mise en question. Il interroge enfin la possible transformation de la psychanalyse à deux niveaux : au sein de sa métapsychologie et de sa pratique en écho aux changements contemporains du régime de l’autonomie dans la société, ainsi que dans son possible dégagement par rapport au réductionnisme d’une psyché conçue comme organe d’un corps uniquement fonctionnel.
Accès à l'article au format PDF
Dans ce premier article, l’auteur présente une pratique de théâtre d’ombres en hôpital de jour pour enfants, et montre comment le passage par l’acte et par le geste, en présence d’autres sur lesquels l’enfant autiste ou psychotique va pouvoir s’étayer, favorise son accès à la vie psychique telle que nous nous la représentons d’ordinaire. L’atelier mobilise également la question de la place de chacun dans son rapport à l’institution.
Dans ce deuxième article, l’auteur présente une pratique de théâtre d’ombres en hôpital de jour pour enfants, et montre comment ce qu’il propose d’appeler « le travail du rire » puis le partage des mythes – indissociablement rites – magico-sexuels vont permettre l’entrée dans le fantasme individuel à partir d’actes partagés avec d’autres. Ces deux dimensions convoquent les corps des spectateurs comme celui de l’acteur dans des actes en écho, favorisant ainsi la représentation psychique. Un contrepoint sur la théorie de l’esprit à partir du travail de l’ombre conclut ce travail.
L'auteur, dans cet article, nous fait part de ses réflexions à partir de sa double pratique de psychanalyste et de peintre. En faisant se croiser les mythes d'origine de l'une et l'autre pratiques, il vient réinterroger, à partir de la dimension du geste, notre tendance spontanée à opposer trop facilement la perversion à la sublimation, la parole et la pensée à l'acte, la vérité à la nudité.
Cet article est paru dans "L'oeuvre d'art : un ailleurs familier - Actes 3 - 2014"
Présentation de l'ouvrage en cliquant sur le lien.
Partant de l’ordinaire du psychanalyste, dans son métier quotidien, ce texte envisage la connaissance de l’inconscient, les conditions de sa possibilité, la nature de ce qu’elle révèle, et les problèmes de sa théorisation. Nous y rencontrons l’écart irréductible entre le point de vue de l’analyste et celui de l’analysant, la différence entre théorie et témoignage, et surtout l’outil de cette connaissance qui est l’inconscient du psychanalyste lui-même. L’essentiel de l’épistémologie de cette discipline concernera donc ce praticien et tout ce qui l’autorise à laisser advenir l’inconscient d’autrui à des fins soignantes, sans que ce soit de l’inquisition, de la direction de conscience, de la pédagogie ni du saccage colonisateur. Quant aux conséquences pour la théorie, deux seront mises en avant : d’une part l’impossibilité de faire une théorie unifiée d’un inconscient qui, lui, ne l’est jamais, et d’autre part l’impossibilité de donner sur l’affectif et le libidinal un seul point de vue, masculin ou féminin, car les deux doivent coexister, s’entretisser et se répondre.? Claude et Renée Fraysse-Maritan ont été tous deux membres de l’École Freudienne de Paris (celle de Jacques Lacan, dissoute en 1980), puis ont collaboré au Collège de psychanalystes. Ils ont tous deux participé à la très forte aventure des Ateliers de psychanalyse, travaillé avec le groupe SPF de Grenoble. Renée Fraysse-Maritan, a travaillé plusieurs années avec Françoise Dolto, a animé le séminaire : Signifiant graphique et langagier dans la cure analytique de l’enfant. Claude Maritan, après quelques années à la SPF, est resté en dehors de toute institution. Ils ont vécu et exercé la psychanalyse à Lyon. Claude Maritan a publié, chez L’Harmattan : Pulsions de mort et tragiques grecs (1996) et Abîmes de l’humain (2006). Il est décédé en janvier 2013. La préface écrite par Marc Bonnet a pu lui être lue avant sa mort. En postface : Deux psychanalystes de générations différentes, Lucien Mélèse et Jean Peuch-Lestrade connaissant Claude et Renée Maritan ont accepté de donner leurs avis sur le document des auteurs ouvrant et poursuivant le débat.
La crise, qui a secoué la psychanalyse dans ses rapports à l’autisme bascule autour de la diffusion sur internet du documentaire « Le mur », qui se révèle être un pamphlet très violent contre elle. Son originalité tient à l’utilisation de l’arme du rire pour rendre les psychanalystes ridicules. Dans cet article, je fais un parallèle avec le rire de la servante de Thrace lorsque Thalès tombe dans le puits, même si ici le puits se trouve être un piège, celui des médias. Je montre d’abord comment le destin du rire de la servante en philosophie peut nous donner un autre éclairage sur cette crise, car de nombreux éléments, comme ceux du rapport à la science, de l’incompréhension de la théorie ou de la déformation professionnelle peuvent se retrouver en psychanalyse. J’explore ensuite la cause de ce rire pour avancer dans la compréhension de cette controverse dont un des enjeux est la disparition d’une psychogénèse, voire plus largement de toute théorie du psychisme. Je termine sur la question de savoir s’il reste une place pour l’esprit dans la médecine contemporaine.
Lorsqu’on conçoit l’essence du transfert comme un partage d’images, tout le problème sera du côté de la possibilité de celui-ci. Le statut de l’icône dans notre monde occidental pourrait en être une des figures. Les autistes, qui pensent en images, sont pourtant dans une non-partageabilité à ce niveau. On peut dès lors affirmer qu’ils sont hors transfert, et ceci justifie toutes les prises en charge behaviouristes. Continuer à penser le travail avec eux en termes de transfert amène à critiquer le primat de la régression dans la théorie analytique, et à dissocier deux pôles d’attractivité, transfert et origine, qui restent confondus dans la névrose. Ceci conduit aussi à privilégier une transversalité du contre-transfert dans un travail à plusieurs en institution, par rapport à un transfert sur la personne de l’analyste en situation duelle.
L’Antigone de Lacan est un modèle pour l’éthique du psychanalyste. En reprenant la discussion autour d’Antigone à partir de plusieurs points de vue contradictoires, deux positions émergent : une éthique qui viendrait à la place des enjeux politiques et une éthique qui pourrait y être associée. Les implications de ces positions sont ensuite envisagées dans les rapports du psychanalyste aux institutions qui peuvent le concerner : institutions de soins et sociétés analytiques.
Dans cet article, je discute l’ouvrage de René Kaës La polyphonie du rêve, sur le point de sa clôture ou de son ouverture d’un point de vue psychanalytique à partir des conceptions de Pierre Fédida, puis d’un point de vue anthropologique à partir de la notion de temps du rêve chez les aborigènes d’Australie.
Interlignes
Ce texte, élaboré au sein du comité du Site entre plusieurs de ses membres, met en discussion la pensée de deux philosophes intéressés par le thème des machines : Jean Vioulac et Anne Alombert.
Quelques-unes des questions que ça pose à la psychanalyse sont ensuite évoquées. Lire le texte téléchargeable en pdf
Présentation : La journée de travail du samedi 15 novembre 2003 à Lyon a été consacrée à la restitution des réflexions élaborées dans le groupe de travail sur le thème du secret animé par Jean Peuch-Lestrade au cours des quatre années passées. Chacun des membres du groupe y a présenté une hypothèse qu'il a développée au cours ou à l'issue de nos rencontres. Cette présentation était suivie de la réaction de Claude Nachin . Les éléments du débat n'ont pas été retranscrits.
Vous trouverez ci-joint la première de couverture ainsi que toutes les informations vous permettant de vous procurer cet ouvrage.