Résumé : Etudiées dans la perspective du diagnostic analytique, certaines théories sexuelles infantiles peuvent être différenciées en théories narcissiques ou oedipiennes de procréation, selon des modalités différentes chez la fille et le garçon. De même, parmi les théories relatives à la mort, celles de l'inanimé ou de la survie définissent un rapport spécifique à l'objet vivant ou mort. Celles de la survie s'exprimant à travers des métamorphoses post-mortem (anges ou fantômes) relèvent de représentations collectives et singulières. En clinique, elles introduisent la question du deuil, dans sa dimension transgénérationnelle et son degré de pathologie. Lorsque l'enfant peut donner libre cours à son "désir sexuel de comprendre", il est à même de regrouper l'ensemble de ses "questions-énigmes" sur la vie, le sexe, la mort, dans l'élaboration infantile d'une théorie du savoir.

Résumé : L'anthropologie de la naissance nous a habitués à reconnaître, dans le placenta, l'équivalent fantasmatique du jumeau mort d'un bébé vivant. La clinique nous révèle que n'importe quel organe extrait du corps maternel (tel l'appendice), et, a fortiori, tout foetus ou enfant mort en bas âge, peut avoir la même signification. Des couples gémellaires fantasmatiques hétéro ou homosexués, dont l'un des membres est mort , l'autre vivant, se trouvent ainsi constitués. Deux observations cliniques nous permettent de suivre les enjeux identificatoires complexes qui surgissent chaque fois que le double se trouve "réincarné" par le sujet vivant, en tant que "mort", ou encore "ressucité". "Se rendre androgyne" ou " Faire le mort", sont deux voies d'identification qui se sont révélées, cliniquement, étayées sur un fantasme gémellaire et en lien étroit avec des représentations d'une scène primitive discordante.

Résumé : La croyance magique en la toute puissance de la pensée ou de l'agir sur la conformation du fœtus, peut donner lieu à des rationnalisations, sous forme de mythes scientifiques par exemple. Cette toute puissance tirant sa force des fantasmes inconscients qui la sous-tendent, l'enfant anormal devient le signe incontestable de la réalisation de fantasmes individuels ou collectifs. Il est dénoncé, voire "exposé", en tant que signe et châtiment de pensées ou actes fantasmatiques interdits. Que les interdits transgressés soient essentiellement de nature sexuelle n'a rien d'étonnant. L'anomalie de l'enfant renvoie à l'anormalité de sa conception. Elle peut être étudiée dans le registre incestueux qui infiltre tout désir d'enfant, mais aussi dans le registre narcissique quand le bébé devient pure duplication d'une anomalie maternelle. Quelle est la similitude, mais aussi la divergence, de l'origine et du destin, pour le monstre et le héros ? Telle est la question sur laquelle débouche cette étude.