Bibliographie
Nathalène ISNARD-DAVEZAC
Membre Honoraire
Articles
Entre l’intemporalité de la peur comme « expérience impressionnante pour le psychisme », son actualisation sur la scène de la réalité extérieure, la façon dont elle est retravaillée par le culturel et traitée par le collectif, la question se partage. C’est ce qui aura été l’objet de ce travail.
Transmettre...
Un tableau de Chagall - La Crucifixion blanche - nous aide à comprendre comment l'artiste s'est emparé du thème antisémite du Juif errant, élaboré au fil des siècles par la tradition chrétienne, en proposant une relecture de ce mythe qui en retourne le sens.
La notion de post-mémoire interpelle la psychanalyse en ce qu'elle interroge à nouveaux frais la transmission et l'inscription d'événements traumatiques historiques dans la psyché du sujet alors qu'il n'en a pas été le témoin direct mais qu'il en est, d'une manière ou d'une autre, l’héritier affecté. Il s'agira ici de montrer par quels processus sublimatoires le sujet peut activement parvenir à se dégager de l’emprise de la pulsion de mort si, du moins, ses capacités de pensée et de créativité n'ont pas subi un dommage irréversible.
Livre collectif (sous la direction de Patrick Guyomard)
La psychanalyse a su préserver la liberté d'une rencontre entre patients et psychanalystes, seule condition au surgissement de l'inconscient dans la cure. Toutefois, comme toute pratique sociale, la pratique de la psychanalyse est soumise aux aléas des mutations du monde contemporain. Mais par-delà ces mutations, en psychanalyse, à quoi tient-on ? Avec les contributions de C. Barazer, B. Chervet, M. David-Ménard, P. Hassoun, N. Isnard-Davezac, F. Leguil, A. Tardits, J.-J. Tyszler.
De son expérience singulière d'enfants pris dans l'horreur de la Shoah, Aharon Appelfeld, écrivain israélien, a tissé une œuvre dont l'obsession est de relier par la mémoire sensorielle fichée dans son corps les fils qui le relient à l'Europe de son enfance, à ses parents, à la parole sacrée oubliée par les générations qui l'ont précédé. Inventeur d'une langue de l'intime créée par le silence et la méditation, il développe aussi un imaginaire d'artiste sous l'ombre familière et tutélaire de Kafka, par un jeu de miroirs où le réel se joue à la fois du document comme trace et du fantastique comme genre. Aharon Appelfeld a été lauréat du prix Médicis en 2004.
Premières lignes....
Roland Barthes écrivait que le fait divers désigne une information inclassable, qui relève du registre hétérogène des « nouvelles informes », meurtres, agressions, désastres aussi bien que d'informations banales, insignifiantes… Son irrésistible force d'attraction, disait-il, réside en ce qu'il met en scène nos fantasmes, nos pulsions, le désir d'enfreindre normes et interdits. Mais parfois, c'est effroi et épouvante qu'il provoque lorsqu'il revêt un aspect inexplicable, irrationnel, ou impensable par sa dimension d'étrangeté ou de monstruosité qui, alors, « renvoie l'homme à son histoire, à son aliénation, à ses fantasmes, à ses angoisses… ou à son aveuglement lié au surgissement de figures mythiques évoquant les interdits fondamentaux du meurtre et de l'inceste »…
Allocution d'ouverture parue dans "L'oeuvre d'art : un ailleurs familier - Actes 3 - 2014"
Présentation de l'ouvrage en cliquant sur le lien.
C’est à l’esprit de résistance qui a marqué l’homme, son œuvre et sa vie que nous voulons, ici, rendre hommage. Au bâtisseur aussi qui apporta non seulement une pensée novatrice à la métapsychologie freudienne, mais qui contribua, en outre, par sa critique créatrice à fonder une théorie de la formation des psychanalystes singulière qui a inspiré celle que revendique et défend le Quatrième Groupe.
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RÉSUMÉ
En avançant pas à pas dans le récit de la rencontre d’Ève avec le Serpent que nous propose la Bible, cet article interroge le statut de la connaissance – notion qui circule tout au long de ce texte – dans sa relation aux couples bien/mal, vie/mort : valeur éthique ou source d’excitation pulsionnelle ? Appel à la sublimation ou incitation à la transgression ? Dans le droit fil de cette interrogation, il s’intéresse plus particulièrement à la figure du Serpent, à la fonction symbolique qu’il occupe dans ce récit, à sa complexité en tant qu’agent du mal.
p 3 : En souvenir de Nathalie Zaltzman
p 3 : Activités scientifiques 2008-2009, Journées scientifiques et journées d'étude, p 8 : Séminaires et groupes de travail, p 31 : Compte rendus et commentaires, p 78 : Actualité de la psychanalyse, p 81 : Notes de lecture, p 90 : Addendum, p 92 : Informations, p 94 : Liste des analystes membres du IVe Groupe.
Interlignes
C’est une entreprise très périlleuse que d’ajouter des mots à ce récit personnel si maîtrisé dans son style et éminemment troublant par son thème. Car ce dont nous entretient Pascal Herlem, c’est du bouleversement familial et intime causé par la maladie tôt survenue chez la sœur aînée qui fera d’elle, au fur et à mesure qu’elle grandira, une personne bizarre, revêche et devenue tellement ingérable qu’à l’adolescence elle sera lobotomisée, puis reléguée hors des siens. Vouée à disparaître. De ce malheur sans nom, ou plutôt sans mots, car ce n’était un secret pour personne, le frère - dont la naissance a été cause de l’éloignement de la sœur - s’en est longtemps plus ou moins mal arrangé. Et de cet arrangement, intenable, il n’a plus voulu.
La sœur aurait pu aussi avoir pour titre La mère, car l’autre personnage du récit est cette femme, irréductible elle aussi, blessée dans son amour maternel injustement contrarié, que rien n’arrêtera pour porter remède à son narcissisme de longue date endommagé. Pascal Herlem excelle à en faire un portrait qu’on jugerait impitoyable si peu à peu, de retouche en retouche, il ne parvenait à en adoucir les ombres.
Il se révèle encore ici l’écrivain subtil dont nous avions déjà apprécié le précédent ouvrage [2], mais il est aussi, comme nous le savons, psychanalyste. Et le lecteur lui rend grâce de n’avoir pas sacrifié pour autant son écriture, son style et… son humour aux lourdeurs du savoir psy, mais d’avoir construit par un travail littéraire serré des hypothèses qui forment la trame d’un roman familial aux allures d’un thriller. Jusqu’à la chute – inattendue - on ne peut s’arracher à la lecture de ce récit, tant nous atteint ce cri retenu de douleur, de colère, de culpabilité. Un cri libérateur ? Un cri qui, en tout cas, porte témoignage de ce qu’il est vain d’imaginer pouvoir s’arranger avec le destin quand celui-ci sème le malheur dans nos vies.
Nathalène Isnard-Davezac
[1] Herlem P. La sœur, Coll. L’Arbalète, Gallimard, Paris, 2015.
[2] Herlem P. Les chiens d’Echenoz, Gallimard, Paris, 2010.