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Elisabeth BUGGLIN
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Nous oublions souvent dans quel contexte historique Freud a conceptualisé la méthode psychanalytique. Aussi donnons-nous un petit aperçu historique de cette époque autour de l’empereur Franz Joseph Ier. Par ailleurs, la langue allemande diffère de la langue française, et nous tâchons de montrer comment Freud a utilisé les ressources existantes courantes de la langue en se servant de la possibilité de fabriquer des mots composés qui unissent plusieurs termes existants mais qui forment des mots inhabituels. La vraie difficulté est de comprendre quelle relation ces mots peuvent avoir entre eux. Il s’est également appuyé sur un vocabulaire issu d’autres langues en complément du vocabulaire purement germanique pour inventer son appareil conceptuel et terminologique. Freud utilise une terminologie très rigoureuse et un vocabulaire clair et simple, ce qui ne veut pas dire que le contenu de ses textes soit facile à comprendre. Autrement dit, si on n’a pas compris la pensée freudienne, on ne peut pas vraiment comprendre ces nouveaux mots, ni les traduire correctement.
Encore aujourd’hui, nous nous posons les mêmes questions que les fondateurs de la psychanalyse, alors que les conditions de vie sont différentes en ce XXIe siècle. Comment pouvons-nous tenir compte de ces changements dans notre travail de psychanalyste pour que les analysants puissent s’engager dans une cure ? Et comment pouvons-nous, les analystes, entendre ce que disent nos collègues sans nous embourber dans des jugements et des critiques ?
L’originalité de cette journée a été de confronter des processus par lesquels le psychanalyste rencontre un écrivain et comment cette rencontre influe sur son travail avec ses patients. Se succéderont ainsi les élaborations de Pascal Herlem autour de la « force fantasmante » et du concept « d’ontalgie » de R. Queneau ; celles de Maurice Rey poursuivant ce sujet de manière plus tragique avec Rainer Maria Rilke, pour qui la place du moi-corps reste source continuelle de découverte et d’angoisse. Olivier Paccoud décrit un paysage fixé dans un perceptif traumatique, par lequel le poète André Du Bouchet se trouve sans cesse retraversé car à travers sa poésie, qui interroge les analystes, il reconvoque le pulsionnel infantile pour lier les excès d’une catastrophe. Ghyslain Lévy parti du travail d’Hélène Cixous questionne les temps ultimes accordés aux soins du corps maternel mourant et l’approche de l’irrémédiable à venir, à réintroduire dans le quotidien. Psychanalyse, science poétique ou poésie scientifique, demande Jean-Baptiste Guillaumin, s’éclairant de l’utilisation des lectures de son patient pouvant aussi devenir celles de l’analyste. Quant à Marianne Alphant, écrivain non psychanalyste, elle évoque la façon dont elle a pu dépasser ses amnésies et vécus d’étrangeté, en faisant de son addiction à ses lectures l’objet de sa cure analytique.
Nous proposons un modèle à visée épistémologique de construction métapsychologique qui s’appuie sur certains apports de la physique quantique et notamment sur la théorisation du modèle du chaos. En supposant que l’espace psychique de l’infans est un espace inorganisé qui se caractérise par un potentiel non encore utilisé de significations, nous tâcherons d’imaginer les processus psychiques et conditions environnementales nécessaires permettant l’attribution du sens à ce non-sens initial. Seront établies certaines analogies possibles entre la dynamique des « attracteurs étranges » avec les processus de croissance où se développent à la fois transformation et permanence, ainsi que celles établies avec les mouvements de la vie psychique rendant son évolution tributaire de la temporalité ; ce dernier point mettant ainsi au défi le déterminisme psychique.