Bibliographie
Geneviève LOMBARD
membre honoraire
Articles
Préambule
Les systèmes d’Intelligence artificielle prolifèrent à très grande vitesse dans plusieurs domaines. Je m’intéresse particulièrement aux LLMs (grands modèles de langage) qui vont probablement modifier la présentation des concepts des corpus théoriques mis en mémoire sur l’Internet. Parmi ces LLMs, je choisis uniquement ChatGPT4. En ce moment sont aussi accessibles en expérimentation par des personnes qui comme moi ne sont pas spécialistes du numérique Mistral et Claude notamment.
Sans le moindre accès aux algorithmes qui le gouvernent, il serait bien prétentieux (et inutile) de vouloir comprendre le fonctionnement de cet AI. Toutefois je peux y réagir à ma façon, sur quelques points choisis, qui deviendraient pour moi des points d'appui pour persévérer dans mes investigations.
J’ai commencé par quelques petits exercices (Conversations de 1à 4). L’idée était d’approcher ce que devient le Corpus Freudien et ce qu'il va devenir dès lors qu'il est récolté et manipulé en tous sens par des Intelligences Artificielles. De ce Corpus et surtout de son destin, les psychanalystes actuels sont responsables.
Mais avec l’arrivée du mot « halluciner » et l’anthropomorphisme massif qu’il suppose, ma recherche s’est précisée. Cette évolution apparait dans les conversations de 5 à10. Elle est devenue : quelle langue parle mon interlocuteur ? Apparemment il écrit en français, mais est-ce encore vraiment du français ? L’apparition de « Je », puis de « métaphore » et l’extrême difficulté qu’il y a à saisir l’usage fait par l’IA de ces termes oriente ma recherche vers l’idée que nous n’aurions des IA -et quel que soit notre niveau de formation en informatique- qu’une connaissance apophatique. Je suis confortée dans cette idée par la lecture de « Parole de machines » d’Alexeï Grinbaum, dans lequel je relève 70 fois la formule : ce n’est ni (ceci) ni (cela) et qui utilise dès l’année dernière ce terme de la théologie négative. Je vais donc continuer en ce sens en relisant « Phantasme, mythe, corps et sens » de JPV. Et chemin faisant, essayer de comprendre ce que devient la vérité dans les productions IA.
A suivre.
Cette réflexion que Geneviève Lombard a initiée en juin 2023 se poursuit et se développe sur plusieurs chapitres :
Premiers essais avec l'intelligence artificielle
19.06.23 Conversation ChatGPT Débuts
21.06.23 Conversation1 Avenir de la psychanalyse au XXI° siècle?
21.06.23 Conversation2 Invention citations de Freud?
28.06.23 Conversation3 Pouvez-vous analyser un rêve?
12.11.23 Conversation5 ChatGPT4 et le Corpus théorique freudien
12.11.23 Conversation6 Erreur et vérité
06.03.24 Conversation7 Erreur et vérité: l'hallucination
06.03.24 Conversation8 L'hallucination selon ChatGPT4
10.03.24 Conversation8 bis L'hallucination selon Copilot
13.03.24 Conversation10 L'hallucination Conclusion provisoire
26.03.24 Apparition du "Je" : Un "Je" de"hasard"
03.04.24 Métaphore. Métaphore et/ou encapsulation?
10.04.24 Capturer. "L'esprit du capitalisme?"
17.04.24 Ni ceci, ni cela
25.04.24 Objet a et dollar
Cet article développe des thèmes publiés dans la section Blogosphère du site inconscient.net
Cet article développe les thèmes publiés en 1998-99 dans la section Mails et News du site inconscient.net, avec la participation de Bernard Defrenet, Jocelyne Troccaz et M-Paule Jachimowitz.
Accès par le site de René Desgroseillers:
Interlignes
Prendre concience aujourd'hui de l'état d'esprit dans lequel était Freud au début de la Première Guerre mondiale a quelque chose de poignant. Sa description d'une perte civilisationnelle immédiate pour les européens d'alors nous reste très proche, à nous les européens d'aujourd'hui.
Lire l'article sur le site " Le web et l'inconscient " par le lien suivant https://www.inconscient.net/guerre.htm
Article accessible sur le site Inconscient.net à l'adresse ci-après: https://www.inconscient.net/teleanalyse.htm
On se disait bien depuis quelques années que ça pouvait arriver, que ça arriverait dans le cortège des effets du réchauffement climatique, il y avait eu quelques alertes... Et puis ce fut là et c'est encore là.
Arrêt brutal de presque toute l'activité dans les espaces du "dehors", brusque proximité de la possibilité de la mort pour tout un chacun (enfin presque).
Immédiate mise en place d'autres façons de faire pour continuer à communiquer, toutes les séances de psychanalyse dans le monde se mettant à utiliser tous les moyens "à distance" (telephone, skype etc etc etc). Et cela, aussi bien de la part de ceux qui étaient pour, que de ceux qui étaient contre. Toute la discussion sur la psychanalyse à distance se trouvant comme "déplacée" sous les impacts croisés du danger, de la "réalité", des "lois et interdits" édictés par les gouvernements concernant la circulation des personnes. Toute une expérimentation dans l'improvisation à l'échelle du globe.
Il est maintenant acquis définitivement que la confidentialité ne peut être assurée dans l'exercice de la psychanalyse autrement qu'avec le cadre "divan-fauteuil, présence physique des deux partenaires dans le même espace". Déjà à ce niveau, on sait que certaines précautions devaient être prises dans les régimes peu démocratiques, ou avec des patients bizarres (genre "l'homme au magnétophone" , Les Temps modernes, avril 1969) mais c'étaient des précautions possibles à mettre en oeuvre à l'échelle personnelle. Ici il s'agit de l'ensemble des structures des outils de communication et de leurs niveaux d'imbrication (inconnus et surtout perpétuellement variables) à propos desquels nous sommes tous aveugles quand bien même nous aurions appris beaucoup. Nous devons et devrons subir sans avoir le moyen de la comprendre ni de la changer la puissance des algorithmes des GAFA et autres systèmes dominants futurs (ou choisir de quitter le cyber-espace)
Nous sommes donc devant un incontournable, enfin reconnu comme définitif par les instances qui y ont réfléchi depuis des années, l'IPA par exemple. Comment vont se produire les élaborations d'une telle situation générale ? vont-elles échapper au moins en partie aux différentes formes de déni déjà à l'oeuvre ? Quels mouvements psychiques vont se mobiliser dès lors qu'une pratique concernant l'inconscient va continuer à se passer sur l'Internet, etc etc. Champ de recherche immense ouvert pour longtemps et dont les effets en retour sont pour le moment imprévisibles.
Mais ce qui devient une vraie préoccupation, c'est la masse de "matériel " qui a ainsi circulé et qui circule dans le cyber-espace. On sait à quel point la construction de la moindre IA demande une extrêmement grande quantité de données afin qu'elle puisse peu à peu s'affiner, différencier, relier, je dirais même (en riant) "associer". Il est donc assez probable que tous les psychanalystes du monde sans qu'on leur demande quoi que ce soit aient posé - à leur insu- de bonnes bases pour créer le "psychanalyste virtuel" qui ne va pas manquer d'arriver.