Février - Juin 2025 - Bienvenue sur le site du Quatrième Groupe
L’ÉDITORIAL
« Nous allons forer, forer, et encore forer. »
Ainsi s'exprimait au Capitole, pour sa cérémonie d’investiture le lundi 20 janvier 2025, le nouveau président de la première puissance économique et militaire au monde. Lors de son discours, Donald Trump a juré d'en finir avec le Green New Deal - le programme de transition énergétique de son prédécesseur. Ce “forer, forer,...” ne saurait laisser l'oreille d'un analyste indifférente. Il témoigne tout à la fois d'un phallicisme outré, exubérant, et de son exhibition péremptoire - décomplexée. Elon Musk, soutien de D. Trump, promeut quant à lui depuis des années, face à la catastrophe environnementale, un technosolutionnisme aussi offensif que scientifiquement indigent. Ici, c’est la conquête de l’espace, via notamment les fusées Space X, qui nourrit le fantasme de possession phallique.
Nos secrétaires scientifiques, dans l'argument des prochaines journées scientifiques du Quatrième Groupe-OPLF qui auront lieu le 22 et 23 mars prochain, nous rappellent opportunément la phrase d’Albert Camus : “Un homme, ça s'empêche”. La psychanalyse, qui met le renoncement pulsionnel au cœur de sa pratique et de son éthique, ne saurait souscrire à l’idéal de jouissance sans limite, prédatrice et arrogante, des hommes sans ombre - Trump et consort. S'il faut bien, en effet, “renoncer” - car tel est le thème de nos journées -, si l'analyse “mène à la perte” (selon le mot de J. Félician), il nous faudra penser tout à la fois l’objet et les modalités de ce renoncement. L’esprit de résistance (Cf. nos précédentes journées scientifiques), qui anime le projet du Quatrième Groupe, ne saurait en effet nous faire confondre renoncement et abdication. Par quelles voies le travail analytique permet-il de renoncer sans, pour autant, “céder sur son désir” (Lacan) ? Quelles sont les opérations psychiques qui permettent de passer du renoncement à une capacité “d'aimer et de travailler”, que Freud (1930) assigne tant au travail de la cure qu’à celui de la culture ? Le paradigme du renoncement, enfin, est-il encore pertinent quand la clinique nous confronte à des modalités paradoxales de la perte, quand il faudrait renoncer… à ce qui n'a pas eu lieu ? Quelques questions parmi tant d’autres que nous aurons le plaisir de partager avec nos invités, Jean-Michel Hirt (A.P.F.) et Myriam Revault d’Allones. Renoncer ou… “Comment sortir de la passion de l’Un ?” - Tel est en effet l’intitulé de la journée de travail qui aura lieu le samedi 8 mars au Local du Quatrième Groupe. C’est depuis les enjeux du “Malaise dans la fraternité” (G. Levy) et ceux de la “Politique des transferts” (J. Peuch-Lestrade) que les auteurs et leurs invités (notamment : Jean-François Solal et Catherine Perret) débattront.
A l’heure où je prends la responsabilité du site du Quatrième Groupe, je veux terminer cet éditorial par un hommage à mon prédécesseur, Jean Peuch-Lestrade, ainsi qu’au comité qui l’a accompagné pendant ces années. Merci à vous tous, et tout spécialement pour le travail de refonte de notre site qui permet désormais, notamment, de rendre beaucoup plus lisibles et accessibles nos modalités de formation des psychanalystes. Ces modalités, fondées sur les notions de processus, de pluriréférentiel sont, depuis 1969, au fondement du projet du Quatrième Groupe-OPLF : je vous invite à en prendre connaissance pour en mesurer l’actualité et la pertinence.
Olivier Paccoud,
Responsable du site
PARUTIONS RÉCENTES
Déclaration de la présidente du Quatrième Groupe concernant le décès d'Eugène Enriquez :
Nous avons appris avec tristesse le décès d’Eugène Enriquez à la fin décembre 2024. Psychosociologue, professeur émérite de l’université Paris-Diderot, s’appuyant sur les grands textes freudiens explorant la psychologie collective, sa recherche était tournée vers l’analyse du lien social, notamment sur les effets de la pratique du pouvoir dans les associations, les institutions et l’État. (De la horde à l’État. Essai de psychanalyse du lien social. Gallimard, 1983).
Marié à Micheline Enriquez (1931-1987, analyste au Quatrième Groupe dès sa fondation), ami de Piera Aulagnier et de Cornélius Castoriadis, nous lui devons d’avoir accompagné la réflexion des fondateurs du Quatrième Groupe sur les dispositifs institutionnels propices à lutter contre l’aliénation potentielle des analystes dans leurs associations. Il a aussi contribué à plusieurs numéros de Topique, nous éclairant sur le risque du devenir sadien de nos démocraties et la nécessité permanente de tenter « d’assécher le Zuydersee » (Freud).
Pierrette Laurent
Présidente du Quatrième Groupe