Si la formation analytique avec le Quatrième Groupe reste ouverte à tous, elle n'en est pas moins exigeante. Car il faut remplir plusieurs conditions pour être reconnu comme analyste membre par le Quatrième Groupe.
En rupture tant avec le modèle lacanien de la formation avec les séances courtes et la procédure de la passe, qu'avec celui de l'IPA avec l’analyse didactique et son cursus standardisé, d’emblée la formation analytique est pensée comme un projet propre à chacun. L’insistance est mise sur le fait qu’il s’agit d’un processus analytique, dans les suites de l’analyse personnelle et c’est pourquoi il n’y a pas de passage d'étape validé institutionnellement tout au long de la formation. L’institution ne s’en mêle pas et "l'exigence de ne pas inféoder l'analytique à l'institutionnel est énoncée comme principe de minimum institutionnel" (cf page Présentation de l'onglet Institution). Elle ne s'en mêle qu'au moment de la session d’habilitation, pour reconnaitre ou non le participant comme nouvel analyste membre. Mais le processus se poursuit ensuite sur le modèle d'une formation continue. Cette formation requiert "quelques conditions minimales", celles "d'avoir acquis des compétences dans deux domaines, celui des connaissances et celui de l'expérience (cf. chapitre II du document Formation et habilitation version 2025)". Car, il faut noter d’emblée que si elle est nécessaire, cette dimension de la formation strictement analytique n'est pas suffisante (cf. La formation scientifique).
L'analyse personnelle est donc la première exigence. Elle ne peut, pas davantage que l'analyse quatrième, se faire à distance (cf. la motion de 2013). Le Quatrième Groupe insiste dès le départ sur sa mise au secret et le fait que le choix de son analyste doit être l’affaire privée du Sujet. Car le projet d’une analyse est d’abord celui d’une désaliénation, poussée aussi loin que possible. Et dans le processus de formation, c'est seulement dans l'après-coup, à travers la capacité du candidat à faire avec le transfert de son analysant, que pourra être appréciée l'analyse du candidat, soit le fait qu'il ait pu, dans sa propre analyse, expérimenter les effets du transfert et de son interprétation.
L'analyse quatrième en est la deuxième.
Au moins deux, dont au moins une avec un analyste membre du Quatrième Groupe, sont exigées pour pouvoir prétendre à le devenir à son tour. Analyse de supervision plutôt que supervision d'une analyse, c'est la dimension analytique qui est mise en avant et elle est dite quatrième car sont en jeu dans l’analyse du transfert, le candidat analyste, l'analyste superviseur (dit « quatrième »), l'analyste du candidat et l’analysant du candidat. C'est en repérant ce qui se joue, se rejoue ou ne s’est pas joué dans le transfert et le contre-transfert dans l'interférence croisée entre ces trois scènes, qu'une pleine dimension analytique de cette analyse de contrôle pourra se mettre en œuvre.
La troisième consiste dans la convocation de sessions inter-analytiques.
Il s'agit alors de sortir du duo analyste/analysant pour expérimenter, dans la réalité de la rencontre, la confrontation à plusieurs analystes. Le candidat en est à l'initiative, en est l'organisateur dans toutes ses dimensions et présente à ceux qui se proposent comme ses potentiels futurs pairs, la mise en débat d'une question théorico-clinique le plus souvent, mais parfois aussi institutionnelle. Il en a fait la demande à chacun auparavant et chaque session donnera lieu en général à plusieurs rencontres.
Enfin la session d'habilitation est une session inter-analytique particulière, convoquée au moment de la demande par le candidat de devenir analyste membre. Elle nécessite plusieurs rencontres. Elle se termine par une délibération entre les analystes membres, en présence du candidat. Elle statue sur la reconnaissance ou non de l'impétrant comme nouvel analyste membre.
La rencontre avec des membres du Quatrième Groupe de son choix, au début et tout au long du processus, est indispensable : il s'agit de se faire connaître et connaître notre fonctionnement. De même, il est important de rencontrer les secrétaires administratifs et le secrétaire analytique (cf chapitre II du document Principes et modalités de fonctionnement) tout au long du processus. Il est obligatoire de rencontrer le secrétaire analytique avant la session d'habilitation, pour lui faire part du nom des analystes membres retenus pour y participer et nécessaire après la session d'habilitation, lorsqu'elle s'est terminée par un accord, pour rendre public au sein du Quatrième Groupe le nom du nouvel analyste membre et les noms des membres y ayant participé. Par ailleurs, même si elles ne font pas partie stricto sensu du processus de formation analytique, la participation à des groupes de travail, des séminaires, ou plus largement des prises de parole y contribuent, sont attendues, sans être obligatoires.
Les modalités pratiques de ces différentes dimensions du processus de formation ont évolué au cours du temps. Elles sont à rechercher dans la fin du chapitre IV du document Formation et habilitation.
Jean Peuch-Lestrade
Janvier 2025