Le groupe Epsilon est un groupe d'écriture. Il est ouvert à tout Membre du Quatrième Groupe qui souhaite y participer, à la condition qu'il s'engage à produire un écrit. Il s'agit, dans ce groupe, de faire travailler la sorte de congruence qui peut exister entre des Membres du Quatrième Groupe au regard de questions concernant aussi bien le savoir psychanalytique et sa transmission que les questions culturelles générales dont des Membres de notre institution psychanalytique ont souhaité se saisir pour les soumettre aux Participants et au public. Les textes produits paraissent, après accord du comité de lecture du Quatrième Groupe, dans cette rubrique intitulée : Publications Varia - tous les textes sont au format PDF et sont imprimables
Publications Varia
RÉSUMÉ
Les travaux de Mélanie Klein sur la psychanalyse de l’enfant l’amenèrent à modifier la théorie freudienne du surmoi en postulant pour celui-ci une plus grande précocité et une nature très archaïque. Bien que Freud sur ce point ne l’ait pas désavouée, cette hypothèse d’un surmoi cruel et archaïque reste controversée. Elle nous amène à refuser certains aménagements apportés à la clinique de la cure, dans le but d’amener l’analyste à la position d’un surmoi parental bienveillant. Ceci au détriment de l’interprétation du transfert...
Les dangers de ces aménagements techniques, pouvant conduire à des interprétations sauvages et à des transgressions, sont mis par l’absurde en évidence dans le film de Cronenberg «Maps to the stars» qui montre un «coach-analyste» entraînant ses patients et lui-même dans un scénario mégalomaniaque et catastrophique. Ceci en résonance avec le cynisme stupéfiant du monde des célébrités hollywoodiennes.
La question du cadre est d’abord une question d’actualité sociétale quand s’affaissent toutes les médiations symboliques comme c’est le cas aujourd’hui. C’est aussi penser le cadre politique et extra-politique dans lequel s’inscrit la pratique de la psychanalyse. On distinguera le bord externe du cadre de la situation analytique qui réunit les éléments du dispositif et que mettent en péril les pratiques par « zoom ». On prendra en compte l’investissement transférentiel du cadre métaphorisant les parts projetées du corps de l’analyste. Le cadre, sur son bord interne, soutient l’écran psychique qui rend possible le jeu transférentiel des représentations. Telle est la fonction tiercéisante du cadre.
On évoquera le travail en face à face et la place du contre-transfert dans l’instauration des deux bords du cadre de la situation analytique proprement dite, une face double du cadre dirigée à la fois vers la réalité du dehors et la réalité du dedans.
Mon propos tend à éclairer en quoi le processus de la cure peut contribuer au « travail de culture » dans l’acception que Freud lui a assignée dans la seconde partie de son œuvre. En introduisant certaines lignes centrales, je mets l'accent sur certains aspects contradictoires du legs freudien et ses prolongements de pensée dans notre préoccupation du collectif. Il m’apparaît important d’éclaircir nos difficultés et nos questionnements soulevés par cette orientation, ou extension des connaissances analytiques dans le champ de la psychologie collective, voire dans le champ du socius. Comment posons-nous ces questions ? Comment nous nous interrogeons sur ce que peut et ne peut pas la psychanalyse ?
Vivre, c'est penser, c'est la dynamique de la pensée qui "EST la vivance du sujet humain"... Le processus de représentation constitue le fond d'activité qui assure cette vivance. La représentation du pulsionnel est une condition pour la pulsion de vie. A la suite de Freud par l'importance qu'il accordait à sa "traumdeutung", on peut faire l'hypothèse d'une "confusion des langues" entre une langue de mots adulte et une langue infantile d'images. Avant les mots, avant même la parole dans la confusion entre le maternel et l'infantile, peut- on supposer la survivance de ressentis corporels dont la résurgence dans le Moi pourrait mettre en crise sa dynamique de représentance ? Le délire serait alors l'ultime défense contre l'irreprésentable.
Après les contributions I publiées par EPSILON en 2018 à propos de l’acte du paiement dans la cure, seront abordées dans ces contributions II la question de l’impayable et du sans prix en arrière-plan de la demande paradoxale de ne pas payer, telle qu’elle peut inaugurer une demande d’analyse.
Dans une troisième contribution, en novembre 2020, je me propose d’explorer la question d’Arnold Goldberg : qu’est-ce qui rend un analyste capable de fonctionner comme analyste ? Ici la problématique de l’argent dans la cure sera reprise à partir de la possibilité de s’inventer comme analysant.
La notion de traumatisme en psychanalyse est particulièrement complexe, intéressant l’ensemble des apports de la métapsychologie freudienne. Se trouvera abordé dans cet article, l’effet délétère d’une séduction abusive sur le langage mère-enfant ainsi que la conséquence traumatique d’une expérience effractive chez un enfant de huit ans n’étant pas en mesure de construire ni ses propres limites subjectives ni son identité sexuelle.
L’espace du psychodrame psychanalytique se révèlera progressivement espace où les processus tertiaires pourront advenir, permettant de fait une meilleure circulation entre mots du langage technique et mots du corps au plus vif du signifiant de la chair. On sera sensible au déploiement du gros travail de symbolisation primaire au cours duquel se trouveront reliés traces sensorielles du contact avec l’objet, traces motrices et éléments sonores. Puis enfin, on assistera aux prémices d’une construction des limites du moi avec notamment la transformation de ce qui pouvait apparaitre comme formation d’une théorie délirante sur l’origine en théorie sexuelle infantile partageable et intégrant de nouveaux éléments comme : castration symbolique, interdit et tiercéïté plus élargie.
Mélanie Klein décrit initialement les mouvements allant de la position dépressive (D) à la position schizo-paranoïde (PS) comme une défense paranoïde contre l’angoisse dépressive. Bion modifie cette vision des choses en considérant que l’identification projective peut être un phénomène normal, et nous propose un modèle oscillatoire entre ces deux positions. A cela, nous souhaitons ajouter la notion d’un espace intermédiaire (EI) entre ces deux positions, ce qui peut être résumé par la formule : (PS) « --» (EI) « -- » (D)
Cet article explore et inventorie les concepts fondamentaux de la psychanalyse, ses invariants en somme, tels qu’ils nous apparaissent dans la première et la deuxième topique. On verra que le cheminement théorico-clinique de Freud entraîne de fait une certaine inflexion de la théorie et de la pratique de l’interprétation : du déchiffrement à la métamorphose.
La psychanalyse s'est toujours nourrie de ses rencontres, avec les sciences, la littérature, la philosophie, l'histoire, et aussi avec les arts. Avec ces disciplines, elle partage le goût de l'énigme. Les artistes montrent, mettent en scène, racontent ce que l'homme peine à dire, ce qui s'est formé en lui avant les mots ; et ils le révèlent à leur public. Nous verrons dans ce texte que cela ne va pas de soi, pour les artistes qui doivent aller au-delà du doute, poursuivre la route vers l'inquiétante étrangeté en renonçant à comprendre. Il en serait de même pour les analystes, c'est la proposition de ce texte.
La notion de post-mémoire interpelle la psychanalyse en ce qu'elle interroge à nouveaux frais la transmission et l'inscription d'événements traumatiques historiques dans la psyché du sujet alors qu'il n'en a pas été le témoin direct mais qu'il en est, d'une manière ou d'une autre, l’héritier affecté. Il s'agira ici de montrer par quels processus sublimatoires le sujet peut activement parvenir à se dégager de l’emprise de la pulsion de mort si, du moins, ses capacités de pensée et de créativité n'ont pas subi un dommage irréversible.
Si le besoin de croire fonde nos capacités d’être en parlant, il n’a de cesse de tarauder le sujet qui se trouve contraint de lui trouver des issues. Ces issues dont diverses et certaines dangereuses pour le sujet et pour le monde. Quel devenir du besoin de croire pour le sujet contemporain, notamment dans ses effectivités destructrices tel l’intégrisme radical islamique ? D’un point de vue psychanalytique, que peut-on comprendre, analyser voire proposer face au déchainement pulsionnel de mort qu’engendre le mythe fondamentaliste ?