Bibliographie
Sylvie COGNET
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Livres
Il nous arrive à tous de nous dire : « À quoi bon ? ». À quoi bon continuer, avancer. Et pourtant, soudain, la vie reprend le dessus, les couleurs s’avivent. Ce sont ces instants que ce livre saisit.
Par instants, la vie, ses coups ordinaires ou extraordinaires, entame notre foi dans l’autre, dans le lendemain, dans notre capacité à rêver, à imaginer, à créer. Et lorsque le traumatisme, le chagrin ou le désespoir nous accablent, de quelles ressources disposons-nous pour demeurer vivants? Car nous durons. Malgré tout. Jour après jour. C’est le mystère obstiné de cette lutte, et la redécouverte des plaisirs infimes du quotidien, dont les textes ici rassemblés portent témoignage. Chacun des auteurs raconte un moment où il a pu d’abord perdre, puis voir renaître, ce plaisir particulier qui mobilise l’intérêt pour l’instant, pour l’éphémère malgré l’ennui et la pesanteur des jours. L’appétit s’ouvre alors à l’aubaine, à l’imprévu. Le présent redevient réjouissant malgré les pertes et les deuils qui le menacent, l’assaillent ou le hantent. Cette capacité à renouer avec le sens poétique imprime à la pensée, au sentiment, à l’invention de soi un tour décisif. Les récits réunis dans ce livre soulignent la diversité des ruses d’Éros, insaisissable, et notre résistance insoupçonnée à garder au cœur le désir de l’été ! Comment Garder au coeur le désir de l’été ? La réponse poétique, imprévue, mystérieuse, parfois insaisissable... est cachée au fil de ces pages.
200 pages.
Articles
Le Quatrième Groupe à la veille de l'anniversaire des 50 ans de sa fondation fait un retour sur ses origines ; c'est donc l'occasion, au-delà de l'histoire institutionnelle, de revenir sur la dimension proprement métapsychologique du courant de pensée de ses fondateurs dont l'axe principal s'articule autour du transfert et de son corollaire le contre-transfert, sorte de vertex qui évoque l'écoute spécifique des analystes en séance au sein de laquelle théorie et pratique se côtoient, s'infiltrent et se tissent en permanence. De cette oreille analytique si singulière les fondateurs ont voulu faire bon usage dans la formation de ceux qui les ont rejoints afin d'étendre ce modèle de l'écoute de l'inconscient à celui de la supervision qui devient analyse quatrième en proposant un minimum institutionnel garant selon eux de la liberté nécessaire à un processus de formation dont la temporalité n'est définit que par le devenant analyste... L'intranquillité serait donc l'adjectif qui pourrait caractériser le métier de psychanalyste confronté à l'inconnaissable de l'inconscient et des institutions auxquelles il choisit d'appartenir quel qu'en soit le nom.
Des individus singuliers font incursion de façon anarchique sur une scène de théâtre... On reconnaîtra les « Six personnages en quête d’auteur » de Pirandello, mais pour nous analystes ils peuvent être également des figures de l’inconscient apparaissant sur « l’autre scène » qu’est pour nous le cadre de la cure... D’une scène à l’autre, ce travail tente d’explorer ce que la création artistique éclaire de la situation analytique.
Ce travail ne se veut pas un exercice de psychanalyse appliquée, il cherche juste à mettre en perspective ce que le processus de création d'un grand artiste contemporain inspire à notre pratique d'analystes. C'est à l'ouvrage de P.Claudel que nous devons ce beau titre : "L'œil écoute" ; évocation pour les analystes d'une écoute bien spécifique à notre discipline conduisant "per levare" du refoulement, à la représentation... Comme surgissement de l'image dans la cure.
A.Kiefer en tant que créateur accompagne à sa façon des axes de recherche qui sont les nôtres, à savoir le refoulement, l'articulation entre les images internes, la métaphore, et le langage pour n'en citer que quelques uns, participant ainsi au travail de Kultur théorisé par N.Zaltzman tout au long de son travail métapsychologique.
S'interrogeant sur l'articulation entre l'image et le texte, le propos ici est d'en chercher les diverses origines dans les formations oniriques comme dans la création artistique. Ce faisant nous croiserons des auteurs et des exemples cliniques qui illustrent en quoi le processus mélancolique s'oppose à la perte nécessaire de l'objet, qui signe pourtant une avancée dans la cure du côté d'une possible symbolisation, et qui donne aux artistes le souffle créatif qu'est le Kulturarbeit.
Cet article est paru dans l'ouvrage " La situation de la psychanalyse – ACTES I - 2012"
Présentation de l'ouvrage en cliquant sur le lien.
RÉSUMÉ
Interlignes
De l’actuel à l’inactuel
Cette période particulière, liée à la pandémie mondiale du coronavirus, a porté durant deux mois le nom de confinement (1er confinement du 17 mars au 11 mai 2020). Cette obligation à rester chez soi, au mieux entre soi, au pire dans l’isolement, nous a conduit à nous accommoder de situations inédites sur le plan personnel, mais aussi professionnel comme celles d’arrêter ou de modifier nos pratiques de la psychanalyse. De ces temps singuliers, nous avons pu mesurer l’importance de l’Autre, des autres dans nos vies. Si Freud a pu écrire « Pourquoi la guerre » et un certain nombre de textes sur la « psychologie collective et l’analyse du Moi » c’est parce qu’il était travaillé par la conceptualisation de la pulsion de mort. Nathalie Zaltzman prolongera la métapsychologie freudienne avec la pulsion anarchiste, élaboration et perlaboration, issues conjointement de la pratique de l’analyse et d’une œuvre métapsychologique. Ces deux chercheurs se sont tenus éloignés de l’abréaction, phénomène qui sert d’exutoire à une situation actuelle dont nous ne sommes pas encore totalement sortis, avant que les effets d’après-coup aient pu être mesurés. Au travers des récits de nos patients dans la cure, c’est-à-dire de la clinique, cette épidémie montre comment les représentations de la mort, ainsi que de meurtre de l’autre et par l’autre, surgies de l’inconscient, ont été présentes et comment elles peuvent trouver une issue favorable. Ne faut-il pas rester prudent avant d’unir le sociologique et l’analytique ? Postulat risqué quoique souvent tenu comme un progrès, thématique issue d’une confusion entre réalité psychique et l’actuel du monde, ce dernier étant la réalité « hic et nunc » qui dans la cure fait résistance à la remémoration et à l’accès à l’impensé. Le débat Freud/Ferenczi est toujours présent et le traumatique souvent pensé comme extraterritorialité de la cause. L’institution analytique a sans doute pour fonction de tenir compte du réel pour que la psychanalyse perdure comme pratique, mais elle ne peut rien sur l’indomptable de l’inconscient et à la nécessaire solitude de l’analyste en séance, sauf à laisser aux analystes le soin d’analyser cet indomptable avec leurs patients dans le cadre de la cure. Lorsqu'elles pourront avoir lieu, nos prochaines journées scientifiques, au-delà des temps suspensifs, portent bien sur la parole en séance comme accès à l’inactuel. Cette nécessité d’un continuel retour à Freud et à quelques autres, nous la retrouverons dans les propos de nos intervenants en position de chercheurs, position que Freud ne renierait pas, puisqu’elle a été la sienne tout au long de sa vie. En ce qui concerne le programme scientifique 2020/2021, nous avons vu comme tous, les projets de 2020 chuter en grande partie les uns après les autres. Nous reportons et réorganisons chaque fois que cela est possible les activités engagées afin de soutenir un débat métapsychologique nécessaire autant que vivifiant pour nous-mêmes comme pour nos pratiques.
Avec le bureau,
Sylvie COGNET – Secrétaire scientifique
Éric JULLIAND – Président du IV Groupe
Avril 2020
LES AUTEURS : Gregory Abatzoglou, Patrick Autréaux, Michaël Bar Zvi, Armelle Barral, Philippe Bonilo, Catherine Chabert, Évelyne Chauvet, Jean-Louis Chauvet, Valérie du Chéné, Sylvie Cognet, Laurent Danon- Boileau, Claude Manuel Delmas, Arlette Farge, Annie Frank, Annie Gutmann, Anne Jeannin, Julia Kristeva, Marie-Claude Lanctôt Bellanger, Clara Laurent, Anne Maupas, Dominique Mazeas, Jelena Rajak, Jean-Noël Roy, Jean-Yves Tamet, Myriam Tonus, Nicole Zorn.