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Sans le moindre accès aux algorithmes qui le gouvernent, il serait bien prétentieux (et inutile) de vouloir comprendre le fonctionnement de cet AI. Toutefois je peux y réagir à ma façon, sur quelques points choisis, qui deviendraient pour moi des points d'appui pour persévérer dans mes investigations. Ces petits exercices ont pour but d'approcher ce que devient le Corpus Freudien et ce qu'il va devenir dès lors qu'il est récolté et manipulé en tous sens par des Intelligences Artificielles. De ce Corpus et surtout de son destin, les psychanalystes actuels sont responsables.
Cette réflexion que Geneviève Lombard a initiée en juin 2023 se poursuit et se développe sur plusieurs chapitres :
Premiers essais avec l'intelligence artificielle
19.06.23 Conversation ChatGPT Débuts
21.06.23 Conversation1 Avenir de la psychanalyse au XXI° siècle?
21.06.23 Conversation2 Invention citations de Freud?
28.06.23 Conversation3 Pouvez-vous analyser un rêve?
12.11.23 Conversation5 ChatGPT4 et le Corpus théorique freudien
12.11.23 Conversation6 Erreur et vérité
06.03.24 Conversation7 Erreur et vérité: l'hallucination
06.03.24 Conversation8 L'hallucination selon ChatGPT4
10.03.24 Conversation8 bis L'hallucination selon Copilot
13.03.24 Conversation10 L'hallucination Conclusion provisoire
RÉSUMÉ
Les travaux de Mélanie Klein sur la psychanalyse de l’enfant l’amenèrent à modifier la théorie freudienne du surmoi en postulant pour celui-ci une plus grande précocité et une nature très archaïque. Bien que Freud sur ce point ne l’ait pas désavouée, cette hypothèse d’un surmoi cruel et archaïque reste controversée. Elle nous amène à refuser certains aménagements apportés à la clinique de la cure, dans le but d’amener l’analyste à la position d’un surmoi parental bienveillant. Ceci au détriment de l’interprétation du transfert...
Les dangers de ces aménagements techniques, pouvant conduire à des interprétations sauvages et à des transgressions, sont mis par l’absurde en évidence dans le film de Cronenberg «Maps to the stars» qui montre un «coach-analyste» entraînant ses patients et lui-même dans un scénario mégalomaniaque et catastrophique. Ceci en résonance avec le cynisme stupéfiant du monde des célébrités hollywoodiennes.
La question du cadre est d’abord une question d’actualité sociétale quand s’affaissent toutes les médiations symboliques comme c’est le cas aujourd’hui. C’est aussi penser le cadre politique et extra-politique dans lequel s’inscrit la pratique de la psychanalyse. On distinguera le bord externe du cadre de la situation analytique qui réunit les éléments du dispositif et que mettent en péril les pratiques par « zoom ». On prendra en compte l’investissement transférentiel du cadre métaphorisant les parts projetées du corps de l’analyste. Le cadre, sur son bord interne, soutient l’écran psychique qui rend possible le jeu transférentiel des représentations. Telle est la fonction tiercéisante du cadre.
On évoquera le travail en face à face et la place du contre-transfert dans l’instauration des deux bords du cadre de la situation analytique proprement dite, une face double du cadre dirigée à la fois vers la réalité du dehors et la réalité du dedans.
Le « travail de culture » (Freud, Zaltzman) ne se limite pas au dispositif divan-fauteuil et à la mise en œuvre de « l’or pur de la psychanalyse ». Nous interrogeons ce qu’il en est de l’extension de la psychanalyse et des dispositifs institutionnels qui attractent la vie psychique, et constituent des scènes pour le déploiement transférentiel. Le champ de la mésinscription (soin, travail social, etc.) procède de la catégorie de l’intermédiaire, œuvrant à l’incessant « remaillage du corps social » (Henri), et à la constitution du « bien commun ». Le travail de transformation de la destructivité qui s’y développe permet de penser le Kulturarbeit, dans la pluralité des dimensions individuelles, groupales, institutionnelles et collectives.
La psychanalyse naît, se développe et se reformule dans un processus sans fin de transmission. L’auteur abordera les questions posées par la transmission de la psychanalyse à l’université, en tant qu’elles viennent interroger le lien intrinsèque entre méthode psychanalytique et métapsychologie.
L’auteure met l’accent sur la théorisation de la pensée de l’analyste en séance, et sur le fil central de la solitude qui l’accompagne dans ses différentes déclinaisons : présence-absence, vivance-perte, en partant de La perte de soi de J.-F. Chiantaretto, et des associations qu’il lui a inspirées. Elle explore ainsi une solitude habitée, animée par un entre-deux qui singularise l’expérience de la cure, tandis qu’elle est traversée par des mouvements intérieurs contradictoires entre doutes et conviction, incertitudes et croyance, et prolongée pour l’analyste par la place de l’écriture.
Dans le « Séminaire sur l’amour » (1970-1971), François Perrier apporte une contribution essentielle à la problématique de la sexualité féminine et du féminin en donnant au maternel féminin statut d’expérience fondatrice du féminin, de la construction du narcissisme et du moi-idéal pour la femme, en deçà de la théorie sexuelle phallique soutenue par Freud assignant à la femme valeur de négatif. À l’écoute clinique des contenus pulsionnels archaïques, d’angoisses féminines spécifiques, non partageables par le garçon, il récuse le schéma freudien réduisant l’accès au désir chez la femme à l’envie du pénis. Avec l’invention du concept d’amatride comme structure de transition dans la culture, il décrit et conceptualise une figure féminine illustrant une faillite de la structuration du féminin pour donner à la cure la visée d’inscrire le signifiant féminin dans sa positivité.
Psychiste dans une institution accueillant des personnes adultes atteintes d’une déficience mentale et de troubles associés, nous évoquerons dans cet article des situations rapportées d’un lieu d’élaboration de situations cliniques par des professionnels éducateurs ou vécues en entretiens psychothérapeutiques singuliers. Confrontée à des sujets qui, répétitivement, « racontent des histoires » à leurs pairs, à l’accompagnant du quotidien, au psychiste, nous nous interrogerons, dans une écoute analytique, sur la potentialité de sens dont ces récits sont porteurs. À travers le dire d’un sujet en particulier, nous questionnerons le statut de ces récits affabulatoires centrés sur une thématique du négatif. Quels liens entendre entre ces fictions et le discours de ses premières figures d’attachement ? Quels effets inconscients sont recherchés par le sujet ? Sont-ce des formations réactionnelles à des mensonges initiaux des premiers objets, à des attitudes ou agirs déconcertants et énigmatiques de l’environnement, des constructions narratives mettant en scène des fantasmes originaires ? Prises dans la trame intersubjective transférentielle, ces affabulations auraient-elles quelques vertus symbolisantes ?
Bien que les ruptures dans l’histoire de la psychanalyse se produisent toujours sur le problème de la formation, la passion et la conflictualité (favorisant les maladies chroniques des sociétés analytiques, qui prennent la forme du suivisme, du clanisme et du clivage destructeur) opèrent comme « pousse à la scission ». La scission de 2005 du Quatrième Groupe, dont l’issue sera la création de la SPRF, sera étudiée pour interroger la problématique de l’aliénation transférentielle (à l’analyste, à la société analytique, au désir de devenir analyste et au savoir) et le retour du refoulé du pouvoir, de la dissimulation et de la déception présents au temps de Jacques LACAN mais aussi avec le fondateur de la psychanalyse. La théorisation de l’institution analytique serait à investir pour continuer à penser et à créer à partir de ces problématiques de formation, d’aliénation et de communauté analytique au travail.
L’histoire du mouvement psychanalytique montre comment plus d’un chemina aux côtés de Freud ignorant alors les points de désaccord qui allaient peser d’un poids suffisant pour l’amener sinon à se séparer du moins à revendiquer une psychanalyse à sa manière. L’exemple de la fondation du 4e Groupe OPLF souligne qu’on ne saurait faire des scissions un phénomène purement institutionnel, un fait de politique, mais que plus profondément les initiateurs de ces scissions ont opéré une dérive théorique due à leurs apports propres qui fait potentiellement effet de coupure.
August Aichhorn, psychanalyste viennois, oublié ou méconnu, n’ayant écrit qu’un seul livre, a été un novateur en amenant à la psychanalyse des populations qui en étaient exclues : adolescents délinquants, familles, et personnes de catégories sociales n’appartenant pas à la bourgeoisie viennoise. Sa pratique clinique de la psychanalyse, développée dans la revue « pédagogie psychanalytique », va influencer une multitude de psychanalystes. Celles et ceux qui ont participé à ses séminaires vont essaimer sur 2 continents : En Europe avec les polycliniques mais aussi en Grande-Bretagne où ces psychanalystes vont jouer un rôle de médiation dans la controverse entre Mélanie Klein et Anna Freud, et en France où l’ordonnance 1945 sur la protection des mineurs va s’en inspirer.
L’histoire du mouvement psychanalytique est parsemée de moments de conflits de personnes, assez passionnels, aboutissant parfois à des ruptures brutales – exclusions ou démissions à titre personnel – ainsi qu’au niveau collectif, notamment en France, à des scissions. Le tableau est le suivant : une majorité, garante de l’identité institutionnelle s’opposerait à un groupe de réformateurs un peu trop zélés. Je vous propose un survol rapide des conflits ou des tensions théoriques rencontrés par le tout jeune Freud neurologue confronté à la pensée des grands maîtres de la neurologie en espérant pouvoir saisir un élément de compréhension qui éclairerait la position épistémologique tranchée qu’il adoptera plus tard en condamnant les cadres de pensée et les visions d’ensemble au profit de la recherche pas à pas.
L’auteur rappelle l’histoire de Sophie Morgenstern née Kabatschnik, première psychanalyste d’enfants en France, qui a formé F. Dolto. Il resitue ses travaux dans le contexte historique de l’époque de son exercice (1925-1940), et analyse les critiques qui lui ont été faites après sa disparition. L’auteur commente le cas clinique de Jacques, premier cas d’analyse d’enfant publié en 1927 par S. Morgenstern et G. Heuyer.
En clinique du handicap mental, là où les apprentissages essentiels en matière d’autonomie sont laborieux voire compromis, le sujet a besoin d’un étayage durable pour prétendre sortir de la dépendance à ses objets. Chez le sujet dit « déficitaire », le risque de l’incestuel existe, qui naît de son entière soumission au Nebenmensch, lors de soins de nursing prolongés. Dans ces lieux de confusion désidentifiante, la dyade mère-infans contrarie l’expérience intersubjective lorsqu’elle expulse la figure d’un tiers symboligène, garante du processus de désaliénation d’un sujet-infans impuissant à conquérir seul un lieu de subjectivité. Si l’institution d’accueil n’y prend garde, le même phénomène se réplique dans l’accompagnement au quotidien du sujet. En articulation à la « fonction mère », nous proposons une réflexion sur la fonction psychique du tiers, « fonction père », sous ses divers aspects, condition sine qua non pour permettre au sujet déficient mental un accès à l’appropriation subjective. Quelques courtes vignettes cliniques de sujets adultes « institutionnalisés » avec traits psychotiques, confrontés au déficit d’un principe régulateur – institutionnel et/ou intra-familial – qui a vocation à barrer la jouissance incestueuse et meurtrière, étaieront notre propos.
Mon propos est d’interroger le distinguo introduit par Freud et couramment admis dans notre champ entre peur et angoisse ? S’il est nécessaire de discerner l’une de l’autre, il est important de considérer que les deux notions se mêlent, s’interpénètrent, se chevauchent dans maintes configurations cliniques. Alors, un champ de complexités s’ouvre à nous : ce n’est pas l’objet dont on a peur mais l’inconnu auquel il nous renvoie, et au-delà de son indétermination, l’angoisse a bien un objet. Peut-on penser qu’il y a angoisse sans peur ou peur sans angoisse ? Pour l’analyste, là où la peur désigne un saisissement, une pression interne, liés à un objet que le sujet croit identifier comme tel, l’angoisse désigne un état, une configuration psychique, et nous met sur la voie d’une exploration clinique avec des repérages métapsychologiques. La notion de peur affecte nos processus conscients, tandis que certaines formes d’angoisse ne peuvent être identifiés par le sujet, ce qui devient précisément l’un des enjeux de notre travail analytique.
Le couple pervers imaginé par E. Albee dans sa pièce « Qui a peur de Virginia Woolf magistralement interprété à l’écran par Liz Taylor et Richard Burton, nous servira de paradigme quant au fantasme d’infanticide, décrit par Serge Leclaire. Fantasme que nous avons exploré dans le domaine du périnatal, mais dont l’omniprésence se manifeste dans tout le psychisme humain.