Bibliographie
Gerassimos STEPHANATOS
Ancien membre
Livres
La psychanalyse est l’espace d’une quête de vérité qui guérit, vérité toujours partielle, fondée sur le besoin du sujet humain de créer des formes de sens et de causalité capables de soutenir son existence sur la scène du monde. Le sujet ne cesse jamais de "construire et se construire", accompagné dans cette route non cartographiée par Éros et Thanatos, par l’autocréation et la destruction.
Loin des conceptions constructivistes superficielles et des relativismes post-modernes, ce livre reconsidère la notion freudienne de construction en élargissant son contenu et son usage. Il examine "le travail de poïesis de soi et du monde" comme l’analyste le rencontre dans les théories sexuelles infantiles, le délire, les conduites autodestructives, mais aussi dans la réflexivité autobiographique, l’écriture et la traduction reflétant leurs affinités électives avec la psychanalyse.
Mais comment la psychanalyse se construit-elle, elle-même, comme pratique théorico-clinique qui se réfère aux structures psychiques inconscientes tout en se construisant par elles ? Que constitue l’originalité de la méthode freudienne ? Et encore, comment se construit l’analyste dans un processus de formation sans fin avec le point d’origine de sa propre analyse ? Qu’enseigne l’expérience internationale de transmission de l’analyse et plus spécifiquement la « transplantation » des institutions psychanalytiques dans les pays périphériques au savoir psychanalytique comme la Grèce ?
En dialogue avec "l’autre" et "les autres", l’auteur du livre formule une conception psychanalytique pluridimensionnelle ouverte au social-historique et à la "Kulturarbeit" freudienne, sans hésiter de penser - avec le Mal - la barbarie dans la civilisation contemporaine.
409 pages.
Sous la direction de Gerassimos Stephanatos avec des textes de S. Freud, D. Agostini, P.Aulagnier, P.Blos , C.Bronstein, R. Cahn , J.-L. Donnet, A. Freud, Ph. Gutton, E. Kestemberg , F. Ladame, E. Laufer , M. Laufer, J.-J. Rassial, G. Stephanatos, D.W. Winnicott.
« Parent pauvre », comme disait Anna Freud, ou enfant tardif de la psychanalyse, l’adolescence a retrouvé les dernières décennies ses titres de noblesse scientifiques et sa propre place dans la famille analytique.Ce livre rassemble des textes classiques et des recherches psychanalytiques importantes des trente-cinq dernières années, qui constituent dans leur ensemble un cadre de référence théorico-pratique de base pour rendre compte des spécificités du processus de l’adolescence et du travail psychanalytique avec les adolescents. Certaines contributions plus récentes rajoutées, élargissent et problématisent la thématique essentielle.
A travers la succession des textes et les différentes contributions se profile l’histoire de la relation complexe entre la psychanalyse et l’adolescence et apparaissent à partir de la théorisation freudienne inaugurale, les influences d’Anna Freud, de Mélanie Klein et de leurs successeurs, l’impact de la pensée de Lacan et l’incidence de l’œuvre de Piera Aulagnier sur les théorisations contemporaines de l’adolescence.
570 pages.
Articles
En considérant que l'idéal commun qui a déterminé le projet des fondateurs du Quatrième Groupe est la désaliénation, l'auteur de l'article interroge la dynamique instituant-institué conceptualisée par Cornelius Castoriadis qui se retrouve dans le rapport Je identifiant-Je identifié chez Piera Aulagnier. Or, le dépassement de la conflictualité due à l'écart entre identifiant-identifié comme instituant-institué rend possible une certaine stabilité et une unité qui ne donne pas lieu pour autant à une identitée figée ; tel serait le pari constituant du Quatrième Groupe comme organisation instituante. Cependant, s'il est vrai qu'on ne peut pas penser la psyché et le sujet humain sans référence au monde socialement institué, il est aussi vrai que toute subjectivité dont le Je constitue l'avènement doit se confronter à un "en deçà d'elle-même". Ce qui incite à penser le Je ainsi que l'originaire pictographique dans leur rapport à l'autoréflexivité et nous conduit à une conception de la cure qui prend en compte l'imagination radicale du sujet et permet au-delà du répétable la prise en compte du créé : à savoir des nouvelles formes de rencontre pouvant surgir entre deux psychés-coprs dans l'espace du transfert-contre-transfert et du transféré, comme co-création.
La pulsion anarchiste, ce texte majeur, initialement paru dans Topique n°24, 1979 et repris comme chapitre du livre - De la guérison psychanalytique -, a été traduit en grec, sous la responsabilité scientifique et éditoriale de G.Stephanatos (Membre IV Groupe), par le traducteur professionnel G.Karampelas. Livre composé du texte de Nathalie Zaltzman, d'une préface rédigée par G.Stephanatos - Une pulsion de mort au service de la vie -, p.11-46, d'une courte biographie de Nathalie Zaltzman, ainsi que de son ergographie : livres, articles (en français et en grec), études sur son œuvre.
À partir de l’hypothèse d’une force présentante et imageante interne l’auteur repense la psychè dans son rapport au corps sensoriel et à l’activité pictographique originaire. Cela conduit, au-delà du répétable, à la prise en compte de nouvelles formes qui peuvent surgir entre deux psychés/corps notamment dans les situations cliniques qui exigent des constructions figuratives de l’analyste, qui s’intègrent au travail incessante de poïésis de soi-même et du monde.
Le titre de cette première journée du Colloque rend hommage à Cornelius Castoriadis auteur de « L’état du sujet aujourd’hui », ce qui n’est pas sans me rappeler sa conférence avec le même titre au Quatrième Groupe le 15 Mai 1986. Je garde un très vif souvenir de cette soirée à la salle des conférences de FIAP, rue de la Santé, qui accueillait à l’époque des activités scientifiques du Quatrième Groupe et précisément la série qu’on appelait des « Confrontations critiques ». Le discours de Castoriadis déconcertait comme d’habitude l’auditoire par sa force et sa nouveauté ; cette conférence faisant un retour après sa séparation avec Piera Aulagnier et son éloignement du Quatrième Groupe où il avait travaillé plusieurs années sans pour autant demander son habilitation comme analyste-membre.
Quoi qu’il en soit, ce retour est resté sans suite ; force est de constater que ses idées qu’il soit de l’imagination radicale ou de la socialisation de la psyché n’ont pas trouvé, sauf quelques exceptions, l’écho qu’elles méritent ni au Quatrième Groupe ni dans les autres milieux psychanalytiques français. Cependant André Green, comme il me disait dans une discussion informelle, lui avait proposé de joindre la Société psychanalytique de Paris, puisque Castoriadis avait fait une deuxième analyse avec Michel Renard de la SPP après sa première analyse avec Irène Roublef analyste de l’Ecole Freudienne et analysante de Lacan.
Ni « orthodoxe » ni lacanien, Castoriadis garde son indépendance institutionnelle et d’esprit... (suite)
En élargissant la scène psychique freudienne, la métapsychologie de P. Aulagnier permet l'accès à un espace somato-psychique originaire d'activité représentative pictographique. À partir donc de l'action du pictogramme cet article pose la question de l'existence d'une force présentante et imageante interne, envisagée au regard de l'émergence de la représentation et de l'auto-constitution de la psyché, à savoir dans son rapport au corps sensoriel, à la figurabilité, à la réflexivité et à l'indétermination créatrice.
Le passage du pictogramme, comme image de la chose corporelle, aux processus de primaire et secondaire est abordé à travers certaines situations cliniques qui nécessitent l'apport figuratif de l'analyste. Ce qui permet l'hypothèse d'une circularité possible de l'in-formation sensorielle-érogène-affective entre des espaces psychiques hétérogènes et une appropriation potentielle du message, selon les postulats qui régissent le fonctionnement de chaque espace. Les constructions figuratives et interprétantes de l'analyste s'intègrent à ce travail auto-créateur du sujet, qui signe la poïesis de soi-même et du monde.
Introduction au livre de P.Aulagnier, "Naissance d’un corps, origine d’une histoire", traduit par P.Aloupis, G.Stathopoulos, postface C.Silvestre, ed.AGRA, collection Rous, Athènes 2017
L’auteur de cet article aborde la question de la création et de la création artistique moyennant l’image des trois mouvements circulaires, isomorphes, qui se mélangent sans pour autant se confondre :
- une circularité logico-ontologique entre le créé et les éléments de la création, constituant le « cercle de la création » dans l’ontologie de Cornélius Castoriadis ;
- une circularité de l’in-formation, entre les trois « espaces-fonctions » hétérogènes, originaire, primaire, secondaire, ou encore représentant, metteur en scène, metteur en sens, constituants de la psyché dans la métapsychologie de Piera Aulagnier ;
- enfin, un processus de circulation-appropriation entre le créateur, le créé et le récepteur de l’œuvre, qui serait analogue au processus qui s’établit entre l’analyste et l’analysant. Analogie qui signe les rapports entre la dimension créatrice de l’espace analytique et la création artistique.
Cet article est paru dans "L'oeuvre d'art : un ailleurs familier - ACTES 3 - 2014"
Présentation de l'ouvrage en cliquant sur le lien.
L’obésité est un problème de santé publique : 18 % des enfants français âgés de 3 à 17 ans sont en surpoids. Ce livre réunit des psychanalystes d’adolescents, des pédopsychiatres, psychothérapeutes et spécialistes des services de chirurgie pour adolescents obèses afin d’expliquer les nouvelles dimensions du surpoids à l’adolescence et les drames qu’il peut causer. Les signaux d’alarme ont été tirés pour l’anorexie et pour le suicide des jeunes. Il est temps de prévenir le surpoids à l’adolescence, avant qu’il devienne aussi grave qu’aux États-Unis.
Les contributeurs : Arnaud Basdevant, François Beck, Annie Birraux, Emmanuelle Caule, Valérie Discour, Philippe Duverger, Bernard Golse, Catherine Grangeard, Philippe Jeammet, Didier Lauru, Jean-Pierre Lebrun, Jean-Yves Le Fourn, Florence Maillochon, Jean Malka, François Marty, Philippe Robert, Gerassimos Stephanatos, Elsa Stora-Waysfeld.
L’hypothèse proposée est que le « pensé-figuré » du mouvement de l’ouverture de la clôture, représente l’agir créateur contenu dans la pensée critique ; entendue comme une pensée réflexive qui est capable de remettre en cause les significations établies et de remettre en question ses propres présupposés. En revanche la clôture du pensable et l’état d’aliénation, dans leurs expressions psychiques et sociales, signent la mise à mort de l’activité de penser. Au travers des références à la position d’Adorno comme représentant de l’École de Francfort, à la réflexion de Cornelius Castoriadis et à la théorisation de l’état d’aliénation de Piera Aulagnier, on a tenté de faire apparaître la complexité de la dialectique théorie / praxis et de mettre en relief la question de la responsabilité politique du pensant-citoyen, qu’il soit théoricien, intellectuel ou profane. La pensée de la praxis peut être aussi une pensée qui est praxis.
Quelle place donner à l’« aptitude à la haine » freudienne, dans ce trajet individuel et collectif qui peut conduire de la différenciation identificatoire/identitaire nécessaire au repli et à l’aliénation ? La haine dans ses aspects destructeurs et constructeurs fait que la psyché rejette ce qu’elle n’est pas elle-même, et que l’institution sociale tend à se clore sur elle-même. Deux ordres d’effets psychiques et sociaux de la haine, irréductibles les uns aux autres malgré leurs liens essentiels, leurs correspondances innombrables et leur conjonction dangereuse, qui peut dans les conditions spécifiques transformer les « détails de différenciation » du narcissisme des petites différences en traits de haine identificatoires, mettant en action le déchaînement destructeur.
La psychanalyse exige la liberté du dire et l’analyste impose une discipline qui se transforme en auto-discipline de l’analysant à la libre expression exclusivement par la parole. Il s’agit d’un paradoxe fondamental qui trouve sa valeur dans l’impossibilité de son accomplissement. Cet article examine les aspects théoriques et les implications cliniques de l’association libre comme règle fondamentale de la psychanalyse et aussi comme «discipline», au sens d’une branche du savoir, dans la mesure où les chaînes associatives révèlent et décrivent un ordre de l’inconscient. L’association libre, essentiellement, n’est ni libre, ni non libre, elle se définit par les résistances à l’émergence du désir inconscient et elle s’altère perpétuellement par l’indétermination créatrice de la psyché qui conduit aux déterminations, autres, nouvelles et au sens infini.
( Présentation détaillée en cliquant sur le lien)
La référence à la méthode constitue le garant essentiel de la pratique de l’analyste et de ses résultats. La méthode analytique se lie à tous les éléments du processus analytique, la dynamique du transfert et du contre-transfert, le cadre, la règle d’abstinence et les conditions qui rendent l’interprétation possible. Vu sous cet angle, la question de la méthode se complexifie et se différencie de la simple application d’une technique et se réfère à la capacité ou non de l’analysant de s’approprier la méthode, à l’éthique du changement, ainsi qu'à un processus de théorisation latente de la part de l’ analyste qui a comme point de départ le contre-transfert et comme résultat un savoir métapsychologique spécifique qui rencontre les limites de la méthode.
Les théories sexuelles infantiles sont des rejetons du « sexuel infantile », s’ alimentent de la pulsion du savoir et la fantasmatisation, se construisent par nécéssité et comme toute théorie possèdent une fonction heuristique, auto- créatrice et en même temps défensive. ? partir du matériel clinique des analyses d’adultes les destins psychiques de la théorisation sexuelle infantile sont illustrés dans leurs rapports à l’histoire libidinale, à la structuration psychosexuelle et à la symptomatologie spécifique du sujet.
Avec point de départ le passage de la singularité des «dialectes» pulsionnelles à une langue commune et conforme à la logique de l’ensemble humain, l’auteur de l’article explore la gestion individuelle et collective de l’inconnu ainsi que de l’ indéterminisme créateur que l’on rencontre dans toutes les faces de l’exercice de la psychanalyse: analyse personnelle, supervision, échanges inter-analytiques.
Cet article explore une problématique spécifique et inhérente au processus de la formation de l'analyste, qui concerne le rôle et les fonctions de l'institution psychanalytique, ainsi que les formations transférentielles-contre-transférentielles et les filiations imaginaires du projet "didactique".
Les éléments de ce triptyque deviennent visibles, sous forme d'"obstacles" à la transmission de l'analyse. Y faire face présuppose la primauté de l'analytique sur l'institutionnel, car seule l'application de la méthode analytique est apte à leur conférer de statut matériel et les rendre objets de pensée et d'analyse. Autrement, ils risquent de se déplacer et de s'enkyster dans les structures de l'institution, de consolider des formes d'organisation et de hiérarchie bureaucratiques ou encore d'appuyer un dogme théorique idéalisé et soutenu avec fanatisme.
Dans cette optique on reconsidère les phases successives du processus formateur et les interventions de l'institution.
Interlignes
Texte de l'intervention effectuée dans le cadre des journées scientifiques "Vivre à la Hauteur de sa condition psychique"
Et figurant dans les actes publiés en ligne .