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Lors de cette journée d’hommage à Jean-Paul Valabrega, nous brossons rapidement son portrait en tant qu’homme et résistant. Sa trajectoire analytique, qui va de la SPP au Quatrième Groupe, en fait une figure importante de l’histoire mouvementée de la psychanalyse en France. Nous avons choisi de mettre l’accent sur sa critique de la formation analytique rigide, dogmatique, transmise par l’API, dans la première société analytique française, à l’origine de scissions et de fragmentation de la psychanalyse en France. Si l’exigence de l’analyse de l’analyste a été acceptée par tous, revisitant et réévaluant la notion de la « didactique », nécessairement bricolée au début de XXème siècle, nous comprenons mieux la contribution de J.-P. Valabrega à la formation analytique par sa théorie du contrôle analytique, l’ »analyse quatrième », renouant avec l’esprit de libération à la source de l’invention freudienne.
Trente années du séminaire d’Anthropologie et Psychanalyse organisé depuis 1983 à l’EHESS par Nicole Belmont et Jean-Paul Valabrega
Mon propos est ici de questionner des rapprochements entre deux champs de pensées pourtant dissemblables et engagés dans un registre de savoir résolument spécifique. L’omniprésence de cette préoccupation qui s’articule autour de la question de la causalité ouvre sur un trait distinctif : une aspiration à la totalité aussitôt contrebalancée par la conscience de l’inachèvement du savoir.
Théorie de la connaissance psychanalytique et théorie psychanalytique de la connaissance. C’est à cet entrecroisement que s’intéresse particulièrement Jean-Paul Valabrega en ouvrant dès lors un champ de recherche à la fois psychanalytique, épistémologique et anthropologique. Cet article se nourrit de cette recherche et tente de la prolonger. Comment le sujet, enfermé dans des significations et des discriminations aporiques, invente-t-il le sens qui l’en libère tant sur un plan individuel que collectif ? Et quel rôle tiennent le phantasme et le mythe dans cette création humaine qui est, de tout temps, celle du symbole ?
Le savoir relève toujours d’un désir ombiliqué à de l’irréductible, ouvert sur de l’inconnu, le chercheur étant d’abord un rêveur, son désir de savoir étant toujours désir de se retourner sur cet ombilic. La question marrane relève d’une résistance de type cryptique visant à soutenir le sujet dans un désir de savoir qui ne soit pas détourné sous l’effet d’emprise de la volonté du maître. Interroger par ailleurs le concept d’interprétation latente en passe par la nécessité de s’arrêter sur la fonction mutative de l’interprétation comme procédure énonciative faisant œuvre de détachement des fixations moïques et de travail de deuil à partir desquels peut émerger la subjectivité. En ce qui concerne le mythe, celui-ci n’est-il pas à penser en écho à l’angoisse que portent les questions du sujet humain quant à son origine et son ultime ? Le mythe n’est-il pas la projection à l’extérieur d’une auto-perception interne de la psyché quant à son propre fonctionnement ? Et qu’en est-il de la fonction du rite comme le performatif énigmatique du mythe ?
En référence à la singularité des récits des origines dans la pensée grecque préservant cette part de mystère propre au Logos grec, l’anthropologie psychanalytique développée par Jean-Paul Valabrega s’appuie sur une démarche épistémologique qui lutte contre l’éradication des représentations du Temps et réfute la pensée linéaire aristotélicienne, pour réintroduire des modes de causalités plurielles et relativistes. En tenant compte de la spécificité de la méthodologie axiomatique, ce travail se centre sur l’oralité primaire et les mécanismes de dénégation de la mort, sur l’articulation des processus idéiques et ceux relatifs à la constitution de la représentation et de la nomination de la mort, sur les liens entre l’idéalité et la mort à travers la figure du héros. La lecture de la théorie de l’identification, qui date de 1995, est problématisée par les dernières contributions conceptuelles sur les mythes qui proposent une étiologie-eschatologie. Sur le plan ontologique, l’identité est à l’identification, ce que sur le plan mythologique, la permanence est à la métamorphose. Cette lecture est agrémentée de quelques références à l’art contemporain traitant du temps, de l’oralité primaire, d’identité, de la mort.
Depuis « Phantasme, mythe, corps et sens » à « Les mythes, conteurs de l’inconscient », la question du mythe n’a cessé d’interroger Jean-Paul Valabrega. Le mythe, ainsi qu’il le rappelle, ignore la chronologie. L’auteur souligne par ailleurs que dans le phantasme, le mythe, le rêve et le délire, il y a simultanément permanence d’un thème central et métamorphose des représentations traductrices de ce thème. Or précisément cette simultanéité contradictoire n’est pas rendue dans les théories sexuelles infantiles « typiques » dont nous parle Freud. C’est la raison pour laquelle, ainsi que je le développerai, il me paraît nécessaire de se référer, en amont des théories sexuelles infantiles, à un stade antérieur que j’ai appelé les « mythes magico-sexuels ». On peut donc prolonger la dyade Mythe/Phantasme, en une triade : Mythe/Phantasme/Théorie primitive.
Qu’il soit fondateur, étiologique ou magico-sexuel, tout mythe - tout complexe phantasmo-mythique - pose inévitablement l’énigme de sa constitution et invite à s’interroger sur la place de l’Autre dans leur transmission, ainsi que le propose cette ouverture
Si la psychanalyse et le cinéma voient officiellement le jour en 1895, leur développement s’effectuera de concert dans une indifférence polie, à l’issue d’une tentative de collaboration prometteuse émaillée d’un conflit fratricide autour du film de Pabst Les mystères d’une âme, marqué par la défiance définitive de Freud et le mutisme de la communauté analytique à l’égard du septième art alors même que l’image est au cœur de ces deux pratiques et que la dernière est en mesure d’en restituer la dynamique. Comment comprendre ce silence assourdissant et communicatif du savant Freud ? Il semble qu’en deçà de l’impossible maîtrise de l’image-mouvement qui affecte le chercheur, cet évitement trouve son origine dans les souffrances de l’exil, en l’occurrence l’expérience traumatique de l’arrachement à Freiberg mettant à mal la pulsion scopique du savant.
À partir de la position consentie d’objet que lui offre l’argument, l’écrivain analysant propose son regard sur deux expériences : lecteur d’écrivains analystes qui nourrirent son imaginaire ; « objet lu » au fil de l’écho reçu de la lecture qu’un analyste ami sollicité à ce titre mena de l’élaboration d’un roman. Ce détour par la position d’objet peut d’autant plus embarrasser le lecteur analyste qu’il peut s’y sentir aussi convié. Mais au-delà de ce risque, c’est la mélancolie qu’on entend parler.
Le festin nu (Naked Lunch), de W. Burroughs, tel qu’il fut magistralement adapté à l’écran par D. Cronenberg, met en scène de manière très crue les dangers méconnus de l’écriture. Après avoir tué sa femme accidentellement dans un « exercice à la Guillaume Tell », R. Lee croit échapper à la répétition en troquant son revolver contre une machine à écrire, mais il aurait dû se douter que celle-ci était tout aussi dangereuse, ce qui apparaît dans la scène finale où il tuera un sosie de cette femme avec un stylo qui se transformera en revolver !... L’inversion de la fonction alpha, décrite par Bion, est ici à son paroxysme dans ce monde de désespoir, de sexualité apathique, d’addictivité et d’hallucinations.
Un groupe de travail du IVe Groupe s’est longuement interrogé sur la place des psychanalystes dans les institutions. Dans cet exposé issu de cette réflexion, deux psychanalystes essaient de préciser leur pensée sur ce sujet en montrant à travers un exemple de pratique clinique en quoi cette place de psychanalyste demeure fondamentale. Dans une institution, le psychanalyste n’a pas à « faire le psychanalyste », mais à être le témoin de ce que la psychanalyse dit de l’être humain. Ce point est capital, particulièrement en ces temps où l’être humain est souvent considéré comme une machine à réparer, en particulier par le monde médical, ou à manipuler par le monde politique, ou encore à gérer par le monde social. Telle n’est pas la perspective de la psychanalyse dès lors que l’on accepte de ne pas vouloir la réduire à une technique mais de l’envisager comme une interrogation sur l’homme qui, dès le commencement, est un être de parole. En référence à l’esprit de la psychanalyse, cet article tente de montrer à partir d’une histoire clinique et de l’organisation d’une institution, comment la dimension humaine reste centrale, ce qui permet à chacun, patients et soignants, de s’ouvrir à la vie et à l’autre.
L’on sait que la métaphore botanique est très présente chez l’auteur de À l’ombre des jeunes filles en fleurs, mais aussi de Sodome et Gomorrhe. Nous essaierons de montrer dans quelle mesure l’auteur de la Recherche, qui se comparait lui-même à un ver à soie, s’inscrit dans une démarche qui n’est pas celle de l’auto-engendrement mais plutôt de la parthénogénèse comme figure créatrice.
Lorsqu’on conçoit l’essence du transfert comme un partage d’images, tout le problème sera du côté de la possibilité de celui-ci. Le statut de l’icône dans notre monde occidental pourrait en être une des figures. Les autistes, qui pensent en images, sont pourtant dans une non-partageabilité à ce niveau. On peut dès lors affirmer qu’ils sont hors transfert, et ceci justifie toutes les prises en charge behaviouristes. Continuer à penser le travail avec eux en termes de transfert amène à critiquer le primat de la régression dans la théorie analytique, et à dissocier deux pôles d’attractivité, transfert et origine, qui restent confondus dans la névrose. Ceci conduit aussi à privilégier une transversalité du contre-transfert dans un travail à plusieurs en institution, par rapport à un transfert sur la personne de l’analyste en situation duelle.

La psychanalyse exige la liberté du dire et l’analyste impose une discipline qui se transforme en auto-discipline de l’analysant à la libre expression exclusivement par la parole. Il s’agit d’un paradoxe fondamental qui trouve sa valeur dans l’impossibilité de son accomplissement. Cet article examine les aspects théoriques et les implications cliniques de l’association libre comme règle fondamentale de la psychanalyse et aussi comme «discipline», au sens d’une branche du savoir, dans la mesure où les chaînes associatives révèlent et décrivent un ordre de l’inconscient. L’association libre, essentiellement, n’est ni libre, ni non libre, elle se définit par les résistances à l’émergence du désir inconscient et elle s’altère perpétuellement par l’indétermination créatrice de la psyché qui conduit aux déterminations, autres, nouvelles et au sens infini.

En ce début de troisième millénaire, alors que la psychanalyse a plus de 100 ans, ce premier numéro de la collection ACTES du Quatrième Groupe est consacré à La situation de la psychanalyse. Comment analyser l’évolution de la discipline depuis un siècle au sein de la civilisation? Et avec quelles vues prospectives ? Peut-on encore parler d’«une» théorie là où la notion de «pluralisme théorique» s’installe ? Faut-il encore parler d’«une» pratique là où la référence à la cure-type s’éloigne? Cet ouvrage – qui réunit des psychanalystes du Quatrième Groupe mais aussi de la Société Psychanalytique de Paris et de l’Association Psychanalytique de France – dresse un état des lieux de la psychanalyse aujourd’hui : dans la façon qui lui est propre de construire scientifiquement son objet, depuis Freud, dans la cure et au fil du temps.
Directeur de publication : J-J. Barreau
Comité de rédaction G. Bazalgette, B. Dollé Montglond
Auteurs : Jean-Jacques Barreau, Gérard Bazalgette, Leopoldo Bleger, Marc Bonnet, Sylvie Cognet, Bernard Defrenet, Brigitte Dollé-Monglond, Francis Drossart, Nathalène Isnard-Davezac, Ghyslain Lévy, Michelle Moreau Ricaud, Michel de M’Uzan, René Péran, Monique Ponceblanc-Neuvéglise, Christiane Rousseaux-Mosettig, Jean-Yves Tamet.
Pour présenter cette nouvelle publication :
Avec ce premier numéro des Actes paraît la première publication du Quatrième Groupe. Il ne s’agit pas, à proprement parler, d’une revue, mais d’une publication annuelle réalisée par les Secrétaires scientifiques du Quatrième Groupe.
Jusque-là, les communications discutées lors des Journées scientifiques du Quatrième Groupe - qui se déroulent chaque année depuis sa fondation en 1969 - étaient publiées dans différentes revues, en particulier dans Topique, revue fondée par Piera Aulagnier mais qui est toujours restée une publication indépendante du Quatrième Groupe. Chaque année désormais, au mois de janvier, seront publiées, dans les Actes du Quatrième Groupe, les conférences exposées à nos Journées scientifiques - auxquelles s’ajouteront des articles en rapport avec le thème traité – afin de permettre une lecture critique après-coup prolongeant les débats avec des intervenants appartenant à d’autres Sociétés de psychanalyse, ou à d’autres disciplines, conformément à l’esprit d’ouverture et de confrontation qui a toujours, depuis sa fondation, inspiré le Quatrième Groupe.
En ce début de troisième millénaire, et alors que la psychanalyse a un peu plus de cent ans d’existence, le premier numéro des Actes du Quatrième Groupe est consacré à La situation de la psychanalyse. Nos prochaines Journées scientifiques, et donc le prochain numéro de nos Actes, seront consacrés, sous le titre Jean-Paul Valabrega, Permanence et métamorphose, à l’œuvre de Jean-Paul Valabrega - co-fondateur du Quatrième Groupe avec Piera Aulagnier et François Perrier - qui nous a quitté le 25 janvier 2011.
Je remercie France Perrot et les Éditions InPress d’avoir accepté de soutenir ce projet et d’en assurer la publication et la diffusion.
Jean-Jacques Barreau
Directeur de la publication
Avant-propos par Jean-Jacques Barreau – p. 5
Introduction par Brigitte Dollé-Monglond et Gérard Bazalgette – p. 11
La construction épistémique de l’objet psychanalytique
La psychanalyse farà da sè par Jean-Jacques Barreau – p. 21
Quelle scientificité pour la psychanalyse ? par Christiane Rousseaux-Mosettig – p. 35
Présence de la métapsychologie dans l’écoute par Jean-Yves Tamet – p. 51
Un laboratoire inventé par Brigitte Dollé-Monglond – p. 67
Questionnements générés par l’évolution de la situation de la psychanalyse
La psychanalyse et la problématique identitaire par Michel de M’Uzan. – p. 81
La psychanalyse et la problématique identitaire – nouveaux développements par Sylvie Cognet – p. 97
La psychanalyse : point de perspective par Bernard Defrenet – p. 105
Le psychanalyste comme « stalker » (passeur) par Francis Drossart – p. 125
Comment demeurer aujourd’hui persan-analyste ? par Nathalène Isnard-Davezac – p. 141
Sexuel ou hors sexuel ? par René Péran – p. 151
Résistance de la psychanalyse
Une résistance de la psychanalyse par Gérard Bazalgette – p. 161
Quelle théorie pour la psychanalyse ? par Leopoldo Bleger – p. 171
Résistance à la psychanalyse dès l’origine –
chez le fondateur même par Michelle Moreau Ricaud – p. 181
Autres contributions
La psychanalyse à l’épreuve de l’accélération du temps par Monique Ponceblanc-Neuvéglise – p. 211
De l’Un-stitution par Ghyslain Lévy – p. 223
Accéder aux résumés des articles
Cet article est paru dans " La situation de la psychanalyse, - ACTES I - 2012"
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Résumé :
Cet article est paru dans " La situation de la psychanalyse – ACTES I - 2012"
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Cet article est paru dans l'ouvrage " La situation de la psychanalyse – ACTES I - 2012"
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