Article
BARREAU J.-J., Le metteur ob-scène et le regard a-pudique in Mickaël Abecassis et Maribel Peñalver Viceas (Dir.) Désir de transgression et interdits dans le cinéma, la littérature et les autres arts, p. 224-241, Leiden, Brill (Francopolyphonies, vol. 38),
Résumé :
Le voile de la pudeur est une surface séparatrice entre les regards, et le garant d’une intériorité, reposant sur la fragile séparation d’un dedans et d’un dehors, menacée par la démesure de l’impudeur. Mais, la ligne de partage entre la pudeur et l’impudeur est incertaine, parfois indécidable ? ; elle nécessite une mise au point dont le sujet est le centre, une mise-ob-scène d’un point de butée du regard sur ce qui concerne le désir et l’identification du sujet. Le voile de la pudeur, qui est à la fois ce qui cache et le support de ce qui se donne à voir comme image, participe de la fonction d’écran psychique interne. Aussi, il ne s’agit pas de lever le voile qui occulterait la vérité, ni de le déchirer, mais de considérer la fonction de l’écran dans l’opération qui consiste à rendre visible. C’est ce regard qui ne se porte pas au-delà du voile, mais au creux de ses plis, ce regard qui ne cherche pas à dénuder la chose, mais à l’habiller d’un voile de mots, que j’appelle le regard a-pudique de l’inconscient metteur-ob-scène. Je montrerai comment ce regard, produit du dispositif psychanalytique, relève d’une éthique du regard qui s’est construite à partir des regards les plus impudiques et les plus intrusifs que le corps médical portait sur celui des hystériques, avec l’aide de la photographie. Il reviendra à Freud de déconstruire cette forme de rapport du savoir au regard.