L’éditorial
L’été s’annonce, les séminaires et groupes de travail se réunissent pour les dernières rencontres avant la pause estivale et se préparent pour la rentrée de septembre.
Le premier semestre 2022 a été riche en activités scientifiques. Nous retiendrons le 19 mars les Journées Scientifiques à Paris sur le thème « Avoir peur ». Ce thème, centré sur le ressenti de cet affect lié à la perception du danger, a été développé dans son lien autant que dans son décalage avec la théorie psychanalytique par des analystes du Quatrième Groupe et leurs invités. Il a étrangement résonné avec les récents évènements du monde, le terrorisme, la pandémie, le changement climatique et maintenant la guerre qui se déroule aux portes de l’Europe.
Le 21 mai, la rencontre à Paris « Incertitudes de vie, Incertitudes de mort », autour des livres de Jean-François Chiantaretto « La perte de soi » et de Ghyslain Lévy « La vie partielle » a fait intervenir ensemble membres et participants pour discuter l’écart et les points de basculement entre une incertitude morbide, vide de sens, témoin du manque et de l'isolement et une incertitude supportable, dynamique et créatrice.
Ce premier semestre se terminera, le vendredi 24 juin, par la cinquième journée lyonnaise de La Chaloupe organisée à l'initiative de Jean Peuch Lestrade. Après Pierre-Henri Castel, Françoise Davoine, Pierre Delion et Victor Stoïchita, le capitaine sera cette année Christophe Dejours. Les trois champs de ses réflexions seront développés : la psychosomatique avec ses hypothèses de la troisième topique et de l’inconscient amential, la psychodynamique du travail, et l’indifférence des sexes. Cette journée de travail, ouverte à tous sur inscription sera suivie, le samedi 25 juin au matin, par une séance ouverte du séminaire « les Cliniques du Transfert » à laquelle Christophe Dejours participera.
La reprise des activités de l'automne s’ouvrira le 19 novembre par une rencontre membres-participants qui s’inspire du cycle de travail intitulé « Repenser ensemble » arrêté en 2017. La particularité de cette journée de travail est de réunir analystes membres et participants à toutes les étapes de son organisation et de son déroulement. Le thème de recherche sera cette année « Le négatif au travail dans la cure ». La question sera développée autour des réflexions théoriques initiées par la clinique des cures. Le travail se déroulera entre ateliers et tables rondes permettant d’ouvrir le débat en petits groupes et de le soutenir ensuite avec l’ensemble des personnes présentes.
Le 26 novembre à Lyon, se déroulera la séance « Inachèvement et continuité », séance de clôture du groupe de travail « Les Ateliers du Débat Psychanalytique ». Depuis leur première rencontre le 13 mars 2010 sur le thème « L'engagement en psychanalyse », le travail de réflexion de ce groupe et leurs propositions concrétisées en débats ont pris bonne part dans la dynamique des activités psychanalytiques régionales.
Sans doute d’autres manifestations sont déjà en préparation soutenant l’activité tout autant scientifique que communicative qui traduit l’engagement dans la psychanalyse des analystes membres et participants du Quatrième Groupe.
Malheureusement la violence toujours à l’œuvre dans le monde obscurcit nos horizons. Notre tristesse d'assister à ces différentes mises en scène nous encourage à continuer d’investir la vie psychique et la psychanalyse pour les mettre au service, dans une perspective d'avenir, de la mise en sens et de l’œuvre de culture.
Vous trouverez, après l’éditorial, Pourquoi la guerre le mot de Sylvie Cognet, la présidente du Quatrième Groupe ainsi que les textes écrits par plusieurs analystes membres du Quatrième Groupe sur le sujet de la guerre. Le mot de Pierrette Laurent Geneviève Haag nous a quittés en ce chaud début d’été est accessible en cliquant sur ce lien.
Bonne fin d‘année de travail et bel été à tous.
Claire Michelon - Membre du comité du site
Elisabeth Herlemont - Responsable du site
PARUTIONS RÉCENTES
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ACTUALITÉ
Pourquoi la guerre ?
Sylvie Cognet - Présidente du Quatrième Groupe
Face à une actualité dominée par la guerre en Ukraine, les analystes de notre société s’interrogent dans des termes identiques à ceux de Freud quand il rédigeait « Pourquoi la guerre ? » en 1932. C’est la raison pour laquelle nous pensons qu’il est nécessaire aujourd’hui en 2022, par ces quelques lignes extraites du « Malaise dans la civilisation » de réentendre sa voix, sa lucidité et sa justesse sur ces questions.
« La question cruciale pour le genre humain me semble être de savoir si et dans quelle mesure l’évolution de sa civilisation parviendra à venir à bout des perturbations de la vie collective par l’agressivité des hommes et leur pulsion d’autodestruction. Sous ce rapport, peut-être que précisément l’époque actuelle mérite un intérêt particulier.
Les hommes sont arrivés maintenant à un tel degré de maîtrise des forces de la nature qu’avec l’aide de celles-ci, il leur est facile de s’exterminer les uns les autres jusqu’au dernier. Ils le savent, d’où une bonne part de leur inquiétude actuelle, de leur malheur, de leur angoisse. Il faut dès lors espérer que l’autre des deux « puissances célestes », l’éros éternel, fera un effort pour l’emporter dans le combat contre son non moins immortel adversaire. Mais qui peut prédire le succès et l’issue ? »
Sigmund Freud. 1930. Extrait de « Malaise dans la civilisation »
Troie en Ukraine - Jean Peuch Lestrade - 21 Avril 2022
Pratiquer la psychanalyse nous rend attentifs aux mots. Ce texte en témoigne et résonne dans l’après-coup avec les dernières journées scientifiques sur le thème « Avoir peur ». Lire la suite Texte téléchargeable en pdf
Contribution à une réflexion sur la guerre - Monique Mioni - 14 avril 2022
Si Freud a pu au lendemain de la guerre de 14-18 nommer la pulsion de mort qu'il théorise comme une fiction, repérer la déliaison et en limiter les effets grâce à ce qui fonctionne comme pensée de survie, qu'en sera-t-il pour nous aujourd'hui ? Lire la suite Texte téléchargeable en pdf
La Guerre - Geneviève Lombard - 5 avril 2022
Prendre concience aujourd'hui de l'état d'esprit dans lequel était Freud au début de la Première Guerre mondiale a quelque chose de poignant. Sa description d'une perte civilisationnelle immédiate pour les européens d'alors nous reste très proche, à nous les européens d'aujourd'hui. Lire la suite sur le site inconscient.net
Continuer à discerner - Marc Bonnet - 4 avril 2022
La guerre en Ukraine déclenchée le 25 février 2022, occupe nos esprits de citoyens et de psychanalystes. Nous sommes convoqués, chacun dans notre for intérieur, à revisiter nos expériences antérieures de confrontation à la guerre, et tout en étant interpellés par les nouvelles diffusées par les médias qui nous viennent d’Ukraine, à faire preuve de discernement. Lire la suite Texte téléchargeable en pdf
Pour-quoi la culture ? - Éric Julliand - 29 mars 2022
Né à Moryntsi dans le sud de Kyiv, mort en exil à Saint-Petersbourg en 1861, T. Chevtchenko a combattu la dictature impériale. Les écoliers apprennent ses poèmes et c’est en quelque sorte le Victor Hugo des Ukrainiens. Il est célébré chaque année sur une colline qui surplombe la plaine du Dniepr où ses cendres ont été ramenées. L’Université principale de Kyiv porte son nom, les défenseurs de Maïdan arboraient son portrait en 2014 et ils scandaient ses vers devenus des slogans « Luttez, vous vaincrez ». Lire la suite Texte accessible en Interlignes récents