Juillet - Septembre 2025 - Bienvenue sur le site du Quatrième Groupe
L’ÉDITORIAL
"Chaud devant..."
L'été arrive, et nous allons pour la plupart d'entre nous prendre quelques congés d’une fonction analytique parfois éprouvante : ce n’est pas rien, loin s’en faut, que de tenter au quotidien d’ouvrir un espace de vacance chez l'autre.
À l'heure, donc, des voyages mobiles et immobiles, je vous invite à lire ou à relire, sur notre site, les articles des analystes membres du Quatrième Groupe consultables depuis notre page d'accueil - “Varia : textes inédits du groupe Epsilon”. Plusieurs textes y témoignent notamment d’un remarquable travail réflexif s'agissant des modalités de formation et de transmission de la psychanalyse. Je tiens, à ce propos, à remercier chaleureusement nos collègues lyonnais - M. Aguera, S. Cognet, R. Dubanchet, E. Julliand et J.-L. Serverin - qui, durant deux ans, ont animé un cycle de conférences centré sur la question du transfert dans la transmission, la filiation et la formation. Cette question essentielle a, nous le savons, suscité des mouvements passionnels tout au long de l'histoire de notre discipline.
En écho, parfois direct, à ce cycle, les textes susdits interrogent (et ne manquent pas de questionner au demeurant), la spécificité du modèle porté par le Quatrième Groupe dans ce champ. Rappelons que notre Groupe est né d’une scission d’avec L'École Freudienne de Paris en 1969, et que ses fondateurs, forts de leur expérience au sein de plusieurs sociétés analytiques, n’ont eu de cesse de critiquer les dérives potentiellement aliénantes de la formation analytique - “le suivisme d'appartenance” (J.-P. Valabrega), par exemple -, dérives particulièrement délétères au regard du projet émancipateur de la psychanalyse. Raison pour laquelle notre organisation psychanalytique s’est fondée sur (et n’a cessé de soutenir) un projet de formation des analystes pensé au plus près de la spécificité épistémologique et de l’objet de la psychanalyse : la connaissance des processus inconscients.
En 1979, commentant différents travaux d’analystes français au sujet de la formation analytique, Micheline Enriquez dégageait, non sans “quelques ironie et mauvaise foi”, deux types de représentations de la psychanalyse et du psychanalyste : "L'une se situant du côté du sacré et de l'initiatique, l'autre du côté de l'ordre empirique et profane". Elle ajoutait que ces deux visions renvoyaient à "l'éternel débat entre (...) modes d’approche scientifique ou initiatique, la psychanalyse étant enfermée (et s’enfermant elle-même) dans ce faux dilemme (...)". (« On forme un analyste », Nouvelle Revue de Psychanalyse, n°20, Gallimard, 1979).
Où en sommes-nous aujourd'hui ?
Nos collègues reprennent, chacun à leur manière, cet enjeu, qu'on peut également thématiser depuis le rapport conflictuel entre formation et transmission. Notre processus de formation et nos modalités d’habilitation-cooptation tentent d'aller au-delà des modèles hiérarchiques (étayés sur la formation dans sa dimension normative) ou dogmatiques (centrés sur la transmission dans sa dimension ésotérique), qui tendent à être respectivement prédominants dans les sociétés analytiques (J. Peuch-Lestrade ►ici). Une conception originale de l’habilitation des analystes en formation en découle, puisque l'institution n'interviendra - selon notre principe du "minimum institutionnel" - qu'à la fin d'un parcours où une place en revanche maximum aura été laissée à la dimension analytique. Parcours tout à la fois très libre - son rythme est laissé à l'initiative du candidat -, et néanmoins très exigeant - qui aura sollicité, à chacune de ses étapes, la rencontre avec plusieurs analystes ("sessions inter analytiques") et la confrontation à une pluralité de références théoriques (principe du "'pluri-référentiel").
Notre processus viserait-il, au fond, la conquête - l’introjection - d’une aptitude à la solitude ?
Assurément, si, par ce terme, on entend qu'il s'agit “d’une solitude en relation”, d’une solitude “procédant d’un consentement à questionner et se laisser questionner par les autres – les autres en soi, autrui comme semblable différent – jusqu’aux appartenances identifiantes.” (J.-F. Chiantaretto ►ici) La formation psychanalytique au Quatrième Groupe se fonde sur une théorie spécifique de l’analyse dite de “contrôle” (ou supervision) : L'analyse quatrième. Clé de voûte de notre processus, celle-ci sollicite en effet la remise au travail, voire le désenclavement, des restes, reliquats, résidus, de l'analyse du futur analyste, tels qu'ils se manifestent dans le contre-transfert, sous la forme exemplaire de l'identification mimétique. Faire de la désaliénation un axe éthique majeur de la formation des analystes, c’est, faut-il le préciser, poser les fondements d’une pratique analytique dont la visée est radicalement émancipatrice.
Une question traverse ces différents travaux : que faire, au cœur le plus sombre de la transmission, de la pulsion de mort - de ce qui se refuse, en somme, à tout "trans-faire" ? Ou bien encore, que faire de ce que l’on ignore avoir hérité et dont les effets se manifestent électivement, entre haine et idéalisation, au cœur des institutions et des enjeux de la transmission ? (Cf. G. Bazalgette ►ici)
Avant de clore cet éditorial et de vous souhaiter de très bonnes vacances d'été, je vous invite à consulter sur le site nos activités 2025/2026 - séminaires et groupes de travail -, qui viennent de paraître. Je vous indique par ailleurs, que l'accès au site sera potentiellement perturbé quelques semaines cet été, en raison des travaux de maintenance que nous allons y faire.
Olivier Paccoud
Responsable du site
ACTUALITÉS
À la demande de Catherine Even-Le Berre, Présidente du Quatrième Groupe, et de Robert Dubanchet, Vice-Président, vous trouverez ici un communiqué au sujet d'un article du journal Le Monde paru le 11 juin 2025.
À la demande de Pierrette Laurent, vous trouverez ici un lien vers un communiqué du Centre d'Information et de Recherche en Psychologie et Psychanalyse Appliquées aux groupes (CIRPPA).
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