1 - Principes
Chaque association s’interroge, après Freud, pour mettre en place « la formation la plus appropriée » (Freud 1926). Tirant enseignement de leur expérience, nos fondateurs ont repris la question de la formation de manière originale, ni sur le modèle lacanien qu’ils venaient de quitter, ni sur celui, plus ancien, du deuxième Institut de formation de la Société Psychanalytique de Paris, contre lequel ils s’étaient, comme « élèves », au moins pour deux d’entre eux, opposés à son ouverture par Sacha Nacht, en 1953.
La didactique, d’emblée critiquée, est abandonnée, et donc aussi la catégorie de didacticiens, au profit d’une seule catégorie d’analystes, sans hiérarchie : les « participants » une fois habilités, reconnus par l’institution, ont tous le même statut de « membres ». Depuis 1969 la désignation a changé, mais l’esprit reste le même.
Le pluri-référentiel reste la règle dans la transmission de l’analyse : plusieurs analystes participent à la formation du candidat.
De même co-existent plusieurs théories et pratiques liées à ces théories : aucun disciple de Freud n’est mis à l’index.
2 - Comment se forme-t-on ?
La formation est plus artisanale, et, pour prendre une métaphore couturière, moins “prêt à porter” que “sur mesure”, et sans doute aussi plus auto-sélective que dans les autres sociétés analytiques ...
Il n’y a pas de cursus standardisé ; l’accent est mis sur le processus de formation. Tout en consultant des analystes membres qui le conseillent tout au long de son cheminement, le participant mène sa formation selon son initiative et sa temporalité propre. Il fait une analyse en choisissant librement son analyste, des « analyses quatrièmes », peut s’inscrire dans des groupes de travail auprès de leurs secrétaires, suivre les séminaires, les conférences, assister aux journées scientifiques, donner des conférences, animer des groupes de travail, sans passer auparavant devant une commission.
1) L’analyse personnelle
Si la formation a été et reste toujours la pomme de discorde des analystes français, l’idée de l’analyse de l’analyste semble, aujourd’hui, le seul accord entre analystes des différentes sociétés.
Considérée comme une part essentielle de la formation, elle reste l’affaire personnelle et exige d’être mise au secret.
2) L’analyse quatrième
Lorsque l’analyste qui se forme commence à entreprendre des analyses, il peut faire des analyses quatrièmes au IVème groupe ou ailleurs. Mais au moins une analyse quatrième doit se faire avec un analyste de notre groupe si le candidat souhaite s’engager dans une démarche d’habilitation.
Cette « nouvelle dénomination du contrôle », due à J. P.Valabrega, est en fait une théorie du contrôle, théorie qui n’avait pas été mise sur le métier depuis le début de sa pratique, exception faite de l’essai de V.Kovacs.
Dans l’analyse quatrième, l’accent est mis non plus sur une relation à deux, maître–élève, mais sur une relation inter-analystes et sur le processus analytique dans sa continuité et sa pluri-réference. Le candidat continue son analyse par ce dispositif où il rapporte la cure qu’il mène avec son patient. Au delà de la technique analytique et des questions théoriques soulevées, l’étude du transfert/ contre-transfert / transféré y occupe une place centrale.
L’analyste en position de « contrôleur » fait « une tâche et une expérience analytique particulière »: il se trouve en position quatrième, après le patient en analyse, l’analyste du patient et l’analyste de cet analyste en formation. Ces « quatre référentiels » permettent « d’acquérir une ouverture sur la pratique du candidat et d’aider celui-ci à repérer les points de contact et d’interférence de sa pratique avec sa propre analyse. Par là même ils ouvrent également une fenêtre sur le troisième référentiel, à savoir sur la pratique de l’analyste du candidat; sur ce qu’il a retenu de cette pratique, sur ce qu’il lui doit, ce qui l’en rend dépendant, en un mot sur ce qu’il en fait dans sa formation » (Valabrega 1979).
3) Les sessions inter- analytiques:
Elles sont faites à la demande de l’analyste en formation, quand il commence à s’éprouver, à se reconnaître comme analyste. Il choisit quelques membres (2,3,4) et après des rencontres individuelles qui lui permettent de se faire connaître sur le plan professionnel, il peut proposer un réunion à partir d’une proposition d’élaboration d’une cure et de problèmes théoriques. Plusieurs séances, à intervalles choisis, sont consacrées à ce travail. Les membres communiquent leur jugement sur cette session au candidat lui-même et le conseillent, l’encouragent (ou non) à organiser d’autres sessions avec d’autres collègues. Des analystes d’autres sociétés peuvent également participer à ces sessions. La session inter analytique est donc “une instance de travail collectif, permettant une élaboration critique et contradictoire de la pratique analytique” (Valabrega).
4) La session habilitante:
Elle intervient à la demande d’un candidat qui, outre sa formation (voir plus haut) souhaite adhérer au IV ème Groupe. S’il y a accord entre le candidat et les membres choisis de cette session d’habilitation, le candidat devient analyste du IV ème Groupe. Comme il se doit, à cette session ne peuvent participer, avec le candidat, que les analystes membres du IV ème Groupe ayant accepté cette participation.
3- Remarques :
1. - La formation de l’analyste n’a pas à être alignée sur le cursus de l’Association Psychanalytique Internationale qui n’a d’ailleurs « plus le monopole de la formation » (Widlocher), mais doit rester une expérience personnelle, suivant un processus temporel propre à l’individu, et qui ne se termine d’ailleurs pas avec l’habilitation. Elle est une formation permanente. Les membres qui participent à ces sessions (inter ou habilitante) s’exposent et se confrontent dans leur pratique, théories, hypothèses, incertitudes, continuant ainsi à se former. Ils peuvent également organiser entre eux une session inter-analytique à l’initiative de l’un d’eux, sur un point problématique de leur pratique, ou de la théorie, ou encore d’une question institutionnelle.
2. - Dans le processus de formation, le Bureau n’est pas directement concerné. Certes les secrétaires scientifiques et le secrétaire analytique peuvent être utilement consultés par le candidat à un moment opportun de son cheminement analytique. Mais il peut également rencontrer n’importe quel autre membre du Groupe qui, statutairement, est un représentant de l’Institution et collectivement engagé dans la formation.
3. - Nous attendons du futur analyste une vaste culture générale, et une culture si possible spécialisée et acquise dans plusieurs disciplines, une formation ou une profession antérieures, une expérience clinique en psycho-pathologie. Quant aux exigences analytiques : une analyse personnelle, au moins deux analyses quatrième (dont une faite avec un analyste du IV ème Groupe), et des sessions inter-analytiques.
Michelle Moreau Ricaud
(1) Ainsi, il est demandé au moment de l'habilitation de rencontrer le secrétaire analytique pour lui faire part des différentes étapes de son processus ainsi que de la composition des membres de la session.
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Formation et habilitation
Annexes
Le processus de formation Repères Historiques 1969-2002
Gérard Bazalgette
Se former au Quatrième Groupe Michelle Moreau Ricaud