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MALTESE-MILCENT M-T. (dir.), Faut-il en finir avec la notion de guérison en psychanalyse ?, in Interligne, Site du IV Groupe, publié le 19 Jui 2018
Résumé :
Faut-il en finir avec la notion de guérison en psychanalyse ? Conférence de M.T. MALTESE-MILCENT (Membre IV Groupe) 2017
Le fait de penser est une entreprise très dangereuse. Mais ne pas réfléchir est encore plus dangereux.
Hannah Arendt.
L’analyse ce n’est pas l’intra subjectif, c’est d’abord le relationnel.
N. Zaltzman en hommage à M. Enriquez - 29-3-98.
Certains d’entre vous ont, sans doute comme moi, entendu un journaliste de France Culture annoncer une émission sur « le charlatan viennois ». Ce poste de radio, dit culturel, duquel on attend réflexion et modération se met à participer à l’oeuvre de démolition de la psychanalyse qui est, vous le savez, attaquée de toute part. Tant par la vox populi que par les organicistes et autres philosophes. La psychanalyse se trouve aujourd’hui classée derrière les thérapies comportementales alors que les psychothérapies de tout ordre font florès. Il semblerait que l’on recense 400 nouvelles psychothérapies de par le monde et plus de 200 rien qu’en France : Aussi, vous proposer une discussion autour de la notion de guérison en psychanalyse peut paraître relever d’un esprit subversif.
Mais direz-vous, la psychanalyse n’a-t-elle pas été subversive dès l’origine en mettant fin au beau conte d’une vie infantile sans sexualité ? C’était il y a plus d’un siècle !
Mais, n’est-ce pas notre reconnaissance partagée d’un travail psychanalytique porteur de vie, et le sentiment « d’être » acquis par ce même travail qui permet à Christine ANGOT d’écrire fermement : « La psychanalyse m’a sauvé la vie, c’est clair et net. L’écriture ne sauve la vie de personne… » ?
L’IDÉE DE GUÉRISON
Aussi, travailler autour de « l’idée de guérison », du mot « guérir », nous a conduit non pas à chercher la pertinence, mais à nous poser plusieurs questions autour des propositions freudiennes et de la clinique d’aujourd’hui :
- Faut-il suivre Freud dans son assertion de 1937 quand il écrit : le but et la tâche de l’analyse sont accomplis dès lors qu’elle « rétablit pour les fonctions du moi des conditions psychologiques favorables ?
- Faut-il revenir à 1909 quand il affirme dans l’observation du Petit Hans : « La psychanalyse « n’est pas une recherche scientifique impartiale, mais un acte thérapeutique, elle ne cherche pas, par essence, à prouver, mais à modifier quelque chose ».
-Dans notre société où le sujet contemporain n’arrive plus à s’inscrire dans l’ordre symbolique des générations, peut-il, le psychanalyste, adhérer aux préceptes freudiens ?
-Peut-il rester un analyste « apathique » tel que le définit Laurence Kahn dans son dernier livre ?
Le terme « guérison » suscite tellement de craintes et d’espoir, que proposer une définition quand chacun de nous, membre d’une communauté humaine et sociale, peut en formuler une, paraît bien difficile. In fine, n’est-ce pas de l’ultime angoisse de castration, la crainte de la mort, dont chacun voudrait guérir ?
Pour l’heure, je vous proposerai à partir des visées thérapeutiques freudiennes une approche et non une définition de l’idée de guérison...(suite)
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