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La notion de traumatisme en psychanalyse est particulièrement complexe, intéressant l’ensemble des apports de la métapsychologie freudienne. Se trouvera abordé dans cet article, l’effet délétère d’une séduction abusive sur le langage mère-enfant ainsi que la conséquence traumatique d’une expérience effractive chez un enfant de huit ans n’étant pas en mesure de construire ni ses propres limites subjectives ni son identité sexuelle.
L’espace du psychodrame psychanalytique se révèlera progressivement espace où les processus tertiaires pourront advenir, permettant de fait une meilleure circulation entre mots du langage technique et mots du corps au plus vif du signifiant de la chair. On sera sensible au déploiement du gros travail de symbolisation primaire au cours duquel se trouveront reliés traces sensorielles du contact avec l’objet, traces motrices et éléments sonores. Puis enfin, on assistera aux prémices d’une construction des limites du moi avec notamment la transformation de ce qui pouvait apparaitre comme formation d’une théorie délirante sur l’origine en théorie sexuelle infantile partageable et intégrant de nouveaux éléments comme : castration symbolique, interdit et tiercéïté plus élargie.
Cet article explore et inventorie les concepts fondamentaux de la psychanalyse, ses invariants en somme, tels qu’ils nous apparaissent dans la première et la deuxième topique. On verra que le cheminement théorico-clinique de Freud entraîne de fait une certaine inflexion de la théorie et de la pratique de l’interprétation : du déchiffrement à la métamorphose.
Mon propos tend à éclairer en quoi le processus de la cure peut contribuer au « travail de culture » dans l’acception que Freud lui a assignée dans la seconde partie de son œuvre. En introduisant certaines lignes centrales, je mets l'accent sur certains aspects contradictoires du legs freudien et ses prolongements de pensée dans notre préoccupation du collectif. Il m’apparaît important d’éclaircir nos difficultés et nos questionnements soulevés par cette orientation, ou extension des connaissances analytiques dans le champ de la psychologie collective, voire dans le champ du socius. Comment posons-nous ces questions ? Comment nous nous interrogeons sur ce que peut et ne peut pas la psychanalyse ?
Mélanie Klein décrit initialement les mouvements allant de la position dépressive (D) à la position schizo-paranoïde (PS) comme une défense paranoïde contre l’angoisse dépressive. Bion modifie cette vision des choses en considérant que l’identification projective peut être un phénomène normal, et nous propose un modèle oscillatoire entre ces deux positions. A cela, nous souhaitons ajouter la notion d’un espace intermédiaire (EI) entre ces deux positions, ce qui peut être résumé par la formule : (PS) « --» (EI) « -- » (D)
Après les contributions I publiées par EPSILON en 2018 à propos de l’acte du paiement dans la cure, seront abordées dans ces contributions II la question de l’impayable et du sans prix en arrière-plan de la demande paradoxale de ne pas payer, telle qu’elle peut inaugurer une demande d’analyse.
Dans une troisième contribution, en novembre 2020, je me propose d’explorer la question d’Arnold Goldberg : qu’est-ce qui rend un analyste capable de fonctionner comme analyste ? Ici la problématique de l’argent dans la cure sera reprise à partir de la possibilité de s’inventer comme analysant.
Vivre, c'est penser, c'est la dynamique de la pensée qui "EST la vivance du sujet humain"... Le processus de représentation constitue le fond d'activité qui assure cette vivance. La représentation du pulsionnel est une condition pour la pulsion de vie. A la suite de Freud par l'importance qu'il accordait à sa "traumdeutung", on peut faire l'hypothèse d'une "confusion des langues" entre une langue de mots adulte et une langue infantile d'images. Avant les mots, avant même la parole dans la confusion entre le maternel et l'infantile, peut- on supposer la survivance de ressentis corporels dont la résurgence dans le Moi pourrait mettre en crise sa dynamique de représentance ? Le délire serait alors l'ultime défense contre l'irreprésentable.
La lettre d’amour n’est pas seulement la lettre que l’on adresse à un être aimé, c’est une lettre uniquement consacrée à dire l’amour, parfois à l’avouer ou à le déclarer pour la première fois. Elle va décrire pour l’aimé les obsessions qu’il engendre, l’état de distraction et de béatitude comme la terrible souffrance d’être éloigné de lui. Dans l’espace vide de la séparation, la lettre reçue est une métonymie de l’aimé et, dans cette mesure, le fait qu’elle soit électronique lui enlève sa matérialité. Que l’on pense aux papiers de couleur voire parfumés des lettres d’amour de nos arrières grand-mères qui étaient en plus parfois accompagnées de fleurs séchées…
Mais la lettre d’amour ne supporte pas le délai. Si nous relisons les échanges épistolaires amoureux, pourtant précieusement conservés, nous pouvons être émus ou attendris mais il nous est bien difficile d’y adhérer aussi complètement qu’au moment où nous l’avons reçue. La comparaison avec la fleur qui se fane s’impose : l’intensité de la lettre n’est-elle pas alors dans son caractère éphémère, elle qui affirme en même temps que le sentiment qui guide la plume est éternel ?Le texto est en ce sens plus conforme à la réalité car, écrit dans la fièvre de l’instant, sitôt envoyé et sitôt reçu, il suscite le même en retour. Les amants s’inquiètent alors du moindre délai comme autant de preuves de l’indifférence de l’aimé mais ils connaissent en revanche l’extase lorsque, calendrier électronique faisant foi, les deux messages ont été simultanés, se sont croisés, chacun disant à peu près la même chose.
Rien n’aurait donc changé entre la boîte aux lettres désespérément vide et l’attente anxieuse du message sur le smartphone. Les mots qui ont été pesés, choisis, parfois relus par l’envoyeur vont être scrutés dans leurs moindres détails par le récipiendaire. Car l’espace n’est pas simplement le nombre de kilomètres qui sépare les amants, c’est aussi la distance entre le sentiment et son expression. Le double parcours qui va de l’émoi à sa traduction en mots puis du mot à sa retraduction en émoi est ce qui potentialise la lettre ou le message. Lettres d’amour, reçues, cachées, perdues, retrouvées après des années…
Comment les médias électroniques influencent-ils aujourd’hui ces échanges qui deviennent instantanés, parfois simultanés et en tous les cas sans trace durable ? Est-ce que la forme est en train de modifier le sens transformant du même coup le sentiment ? À partir de la psychanalyse, on envisage ici comment l’amour s’exprime dans les textos, les médias sociaux et s’ils remplacent les lettres d’amour.
La lettre d’amour peut-elle constituer une voie d’élaboration pulsionnelle ? Une approche de la nature et des conditions propres à l’abondante correspondance du jeune Freud avec sa fiancée met en évidence que ces échanges épistolaires nourris ont constitué pour le futur savant une voie propice à la satisfaction libidinale, en même temps qu’ils lui permettaient d’opérer ce travail psychique de métabolisation des motions pulsionnelles générées par l’état amoureux.
La pulsion anarchiste, ce texte majeur, initialement paru dans Topique n°24, 1979 et repris comme chapitre du livre - De la guérison psychanalytique -, a été traduit en grec, sous la responsabilité scientifique et éditoriale de G.Stephanatos (Membre IV Groupe), par le traducteur professionnel G.Karampelas. Livre composé du texte de Nathalie Zaltzman, d'une préface rédigée par G.Stephanatos - Une pulsion de mort au service de la vie -, p.11-46, d'une courte biographie de Nathalie Zaltzman, ainsi que de son ergographie : livres, articles (en français et en grec), études sur son œuvre.
À partir de l’hypothèse d’une force présentante et imageante interne l’auteur repense la psychè dans son rapport au corps sensoriel et à l’activité pictographique originaire. Cela conduit, au-delà du répétable, à la prise en compte de nouvelles formes qui peuvent surgir entre deux psychés/corps notamment dans les situations cliniques qui exigent des constructions figuratives de l’analyste, qui s’intègrent au travail incessante de poïésis de soi-même et du monde.
Recueillies dans l’immédiat après coup de chaque séance de travail, les notes conservées ont permis d’avoir un aperçu de la « clinique » d’un groupe Balint pendant une année. Apparaissent ainsi les sentiments et pensées liés aux transferts et contre-transferts, redondances et répétitions, sentiments positifs et négatifs, bref, un « matériel » à l’aune duquel la relation médecin-patient prend tout son sens. L’enjeu du travail en groupe et du groupe revient à maintenir la possibilité de l’exercice de la médecine dans des conditions qui lui sont contraires, à restaurer la confiance du médecin dans la singularité de sa pratique.
Cet article, partant d’une pratique de l’auteur, est un bref résumé de la vie et de l’œuvre du psychanalyste Michael Balint jusqu’à la création, à la Tavistock Clinic de Londres, de son groupe « méthode Tavistock » ou « training cum research » ou « groupe Balint », pour former, après-guerre, les médecins à une prise en charge holiste. Cette méthode, succinctement décrite, influencée par de nouveaux savoirs et pratiques (case-work, groupe thérapeutique Rickman-Bion, centration sur le contre-transfert du médecin) est bien une extension de la méthode psychanalytique appliquée au groupe de formation.
À partir de l’interprétation psychanalytique des aspects symboliques du conte populaire « L’héritage de Fortunatus », Vilma Kovács propose une investigation didactique originale des pathologies observables dans le développement de la génitalité, dont le « complexe du scrotum », qu’elle associe aux troubles des investissements érotiques de la féminité et de la virilité, entravant l’accès à une génitalité accomplie.
Je ne suis pas avec vous aujourd’hui pour raison de santé, mais l’influence des œuvres de Ferenczi est toujours pour moi d’une importance primordiale. Pour les théories comme pour les pratiques. On parle de la révolution psychanalytique depuis longtemps, et chacun sait combien Ferenczi y a contribué au premier plan, par l’intensité de ses échanges avec Freud, tous deux épistoliers acharnés, par leurs rencontres, voyages, projets de travail en commun, de 1908 à 1933, scandés par leurs transferts réciproques jusqu’à l’analyse que Sándor a souhaité impérativement faire avec Freud, pour se libérer de ses fixations anciennes et de ses symptômes. Ferenczi est resté pour Freud son « Paladin et grand vizir secret », jusqu’aux prises de positions divergentes et assumées et donc la distance s’est installée entre eux. J’ai fait de cette formule, en 1985, le titre de ma première étude sur Ferenczi en m’appuyant sur leur correspondance que nous étions en train de traduire, avec l’équipe du Coq-Héron, à Paris. Plus tard, en 2011, j’ai réédité ce travail complété, sous le titre Sándor Ferenczi, un pionnier de la clinique. De nombreux auteurs anglais, américains, québécois, espagnols, italiens et hongrois, sont désormais sur la même longueur d’ondes ; j’apprécie tout particulièrement les textes de Judith Dupont, nièce de Michael Balint, de Jefffrey M. Masson, traducteur de la correspondance complète entre Freud et Fliess, et récemment le livre d’Yves Lugrin, Ferenczi sur le divan de Freud …
Hypothèse d’une rivalité originelle entre Art et Pouvoir, le premier devenant pouvoir de formaliser autrement l’existant, le second pouvoir sur l’objet collectif tel qu’il se présente à son désir. L’Art conteste la réalité, la fuyant pour la recréer. De Boccace au postmodernisme il s’agit de dégager l’enjeu vital du conflit qui les oppose jusqu’à la rivalité destructrice et de la tension créatrice qui plus rarement les porte ensemble.
On détruit toujours une culture spécifique par haine de l’autre qui en est l’origine et le garant parce qu’il impose grâce à elle ses modèles et ses valeurs. Mais ces équivalents de meurtres sont en soi la preuve de la valeur que les destructeurs attachent à ce qu’ils veulent éradiquer en les détruisant. Tout autre est le pourrissement de la culture quand le désir de beauté quelle que soit l’expression qui en résulte est rongé de l’intérieur par d’autres critères qui l’ignorent, comme celui de la rentabilité financière. La destruction de toute culture ne pourrait se faire que par l’annihilation du sens même de la notion de culture.
C’est en s’intéressant à l’ordinaire de la vie – et en particulier de la sienne – que l’homme Freud est devenu savant, un savant dès lors bien embarrassé par ses confidences, incarnant bien malgré lui le héros d’un savoir scandaleux qu’il aura bien de la peine à faire entendre alors même qu’il constitue le propre (!) de l’homme ; et ce d’autant plus que les conduites de ses semblables, y compris de ses collaborateurs eux-mêmes, le conduiront à reconsidérer ses élaborations.