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L’auteur reprend et complète des hypothèses développées dans son livre La mort donnée (Paris, PUF, 2011) au sujet de la mort donnée comme acte individuel et comme acte collectif. Elle rappelle trois motivations principales soit : tuer pour une identité, tuer pour survivre, tuer par ivresse de la toute-puissance.
Derrière l’enfant réel gît une exigence démesurée : revivre avec un enfant issu de soi la relation idéale que l’on n’a pas connue – mais dont paradoxalement on garde la nostalgie – avec une mère elle-même idéale. Aussi le conflit ne manquera de surgir lorsque l’évolution de l’enfant le confrontera au fait qu’il n’est en réalité plus le même que le personnage auquel il était assigné à vie. L’incapacité à supporter la réalité et les limites de l’enfant conduit en retour à considérer la maternité comme une expérience qui requiert une réélaboration pulsionnelle. Celle-ci ne se limite pas à un refoulement des pulsions sexuelles et agressives mais implique leur sublimation.
Freud fut inévitablement confronté dès ses débuts de thérapeute, et avec le plus grand déplaisir, à la matière brute de la grivoiserie — la représentation sexuelle suggérée par la parole —, manifestant un déni massif de ses effets embarrassants incontrôlables. Aussi ne lui fallut-il pas moins d’une décennie — autoanalyse aidant — pour être en mesure d’en concevoir les enjeux pulsionnels et d’appréhender aussi la nature singulière des mots du sexe, au pouvoir imageant irrépressible qui leur confère toute leur troublante efficacité, laissant toutefois à l’un de ses fils spirituels, Sándor Ferenczi, le soin d’en faire la théorie.
La loi dite du « mariage pour tous » a fait couler beaucoup d’encre et il serait hasardeux de penser qu’elle a levé définitivement l’énigme de l’homosexualité. Qu’en pensent les psychanalystes ? C’est l’objet de cet article qui nous invite, après Freud, à revisiter les notions de bisexualité, de choix d’objet sexuel, d’amour génital et de symbolisation.
Ce travail ne se veut pas un exercice de psychanalyse appliquée, il cherche juste à mettre en perspective ce que le processus de création d'un grand artiste contemporain inspire à notre pratique d'analystes. C'est à l'ouvrage de P.Claudel que nous devons ce beau titre : "L'œil écoute" ; évocation pour les analystes d'une écoute bien spécifique à notre discipline conduisant "per levare" du refoulement, à la représentation... Comme surgissement de l'image dans la cure.
A.Kiefer en tant que créateur accompagne à sa façon des axes de recherche qui sont les nôtres, à savoir le refoulement, l'articulation entre les images internes, la métaphore, et le langage pour n'en citer que quelques uns, participant ainsi au travail de Kultur théorisé par N.Zaltzman tout au long de son travail métapsychologique.
Ne peut-on voir dans le fameux écrit de Maupassant - le Horla - la mise en scène d’un séquentiel clinique entrant en résonance avec les théories de l’angoisse que Freud va proposer quelques années plus tard ? En quoi celle-ci produit la formation d’un « être invisible en soi » qui pousse hors de soi, et témoigne de la porosité des limites à partir d’une constitution incertaine du moi.
Avec le concept de Kulturarbeit, Freud lance un pont entre psychologie individuelle et la psychologie collective, les deux pans de son œuvre. Ce concept qui rend compte de la structure du phénomène de la transmission fut remis à l’honneur par N. Zaltzman. Je tenterai ici de montrer son analogie, voire sa similitude avec le concept d’autonomie, central dans l’œuvre de C. Castoriadis. Deux exemples extraits de la pensée de G. Bataille et d’une œuvre d’E.Ionesco illustreront cette méditation.
Quand la parole est impossible ou qu’elle est interdite, une douleur secrète reste chantable, dans la dissonance de la voix, inaccessible à soi-même, insupportable à l’autre soumis en même temps à l’écoute douloureuse de cette distorsion monstrueuse de l’image sonore. À partir du film Marguerite de Xavier Giannoli (2015) je partirai à la recherche de cette lettre volée qui est en même temps exposée à tous, une déchirure mise au secret à l’insu du sujet, mais qui s’exhibe à l’écoute de tous.
Les mots mettent en lumière certes, mais la visibilité qui ne se voit pas est la possibilité essentielle du visible: « la vitre transparente, qui rend les choses visibles, n’est pas elle-même visible » écrit J. Derrida. Entre la visibilité sensible et l’intelligence du logos, nous pouvons postuler un dispositif intérieur, l’équivalent intra-psychique de la vitre transparente capable de rendre visible la chose perdue ou, en tout état de cause, de s’en convaincre. Ce travail, avec un appui clinique, est une réflexion sur la pensée complexe associant affects, sensori-motricité et image de mots.
Le rêve " voie royale vers l'inconscient " a aussi une fonction de mise en scène des images et des sensations visuelles, imposées par la mémoire perdue " d'avant les mots ". De la disparition des lucioles selon Pasolini à leur survivance. Selon G. Didi-Huberman ; il s'agit d'essayer de rendre compte de la présence dans la création artistique ainsi que dans la cure d'images sensibles primitives en-deçà de celles qui animent l'origine de la pensée de l'enfant ; un phrasé de sensations énigmatiques, langue originaire et origine de la langue et du transfert.
Éprouvés rejetés hors du Moi, qui pourtant peuvent le hanter lorsque la réalité extérieure vient leur faire écho.
Introduction au livre de P.Aulagnier, "Naissance d’un corps, origine d’une histoire", traduit par P.Aloupis, G.Stathopoulos, postface C.Silvestre, ed.AGRA, collection Rous, Athènes 2017
À travers l’étude du drame Lorenzaccio, comparé à celui de George Sand Une conspiration en 1537 dont s’est fortement inspiré Musset, nous étudions la spécificité du mobile du crime chez ce dernier auteur. À la différence du personnage de Sand, qui tue par désir de vengeance et de faire valoir son bon droit, celui de Musset tue pour maintenir une dernière fois ce qui lui reste encore d’identité, sans aucun espoir pour la suite. Nous avançons que la destinée de ce personnage, double du narrateur de la Confession d’un enfant du siècle, est sous le poids d’un fantasme de matricide.
Premières lignes....
Tout d'abord je souhaite la bienvenue à chacun de nous, particulièrement aux collègues appartenant à d'autres sociétés analytiques ou disciplines qui nous ont fait le plaisir d'accepter l'invitation des secrétaires scientifiques à partager avec nous leurs travaux et réflexions théorico-cliniques.
"L'homme dans la nuit s'allume pour lui-même une lumière, mort et vivant pourtant. Dormant, il touche au mort". Je cite ici une référence d'Héraclite, eu égard à cette notion de voyance mise en avant dans l'argument de ces Journées qui fait écho à ce dénuement dont parle Freud : là, point d'artifices, ni de juge, le sujet se dévêt, enlève ses différentes enveloppes, face à lui-même, comme au seuil d'un originaire...
Premières lignes...
Lorsque Freud publie en 1899-1900 "L'Interprétation du rêve" le seul rêve d'enfance qu'il consigne et sur lequel se clôt le livre des rêves - le livre égyptien des rêves, aimait-il à l'appeler - est "mère chérie et personnages à becs d'oiseaux". Ce rêve, qui associe on ne peut plus clairement le désir incestueux et la représentation de la mort de sa mère, le conduit à écrire : "Je me rappelle que je me calmai subitement en apercevant ma mère, comme si j'avais eu besoin d'être rassuré". Il reconnait une réaction affective équivalente à la célèbre scène du "coffre", lorsqu'enfant, il se calme au moment où...
Reprenant les travaux sur le rêve de S. Ferenczi, l'auteur montre comment Ferenczi garde à l'analyse sa fonction essentiellement thérapeutique, tout en accordant à l'organisme une capacité à l'autoguérison, par la fonction traumatolytique du rêve, tant pour les cicatrices des traumas primitifs que les commotions des traumas récents.
Il sera question, à partir de cette allusion au film surréaliste de Hans Richter, de la fonction idéologique d'un certain type de "fantaisie totalitaire", en ce qu'elle s'oppose irréductiblement, de par l'écran-bêta, à la fonction alpha qu'exerce sur la pensée la barrière du rêve (Bion).
Toute ressemblance avec des événements récents ne pourrait être que non-fortuite...
Même si l'attention des poètes a toujours été requise par l'accès qu'offre le rêve à un obscur qu'ils pressentent soit transcendant soit intime, ils ont toujours veillé à bien les distinguer des poèmes dans leur nature et dans leurs enjeux. L'étude de deux "poèmes du rêve" permettra de montrer qu'ils en attendent de développer un vacillement des frontières entre le monde de l'énonciation et celui de l'énoncé ; et qu'ils sont en fin de compte moins guidés par le contenu du rêve que par la façon dont les jeux et le travail du langage permettent au contraire de se déprendre de la fascination de l'image.
S'interrogeant sur l'articulation entre l'image et le texte, le propos ici est d'en chercher les diverses origines dans les formations oniriques comme dans la création artistique. Ce faisant nous croiserons des auteurs et des exemples cliniques qui illustrent en quoi le processus mélancolique s'oppose à la perte nécessaire de l'objet, qui signe pourtant une avancée dans la cure du côté d'une possible symbolisation, et qui donne aux artistes le souffle créatif qu'est le Kulturarbeit.
Premières lignes...
En psychanalyse, la synthèse n'est pas recommandée. W. Granoff recommandait aux analystes d'être des agents de déliaison plutôt que de liaison. Un peu avant de conclure ces journées scientifiques, je vais contrevenir à ces deux avertissements pour vous livrer les réflexions qui me sont venues au cours de ces journées...