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Il ne s'agit ici non pas tant de discuter le dernier livre de Ghyslain Lévy, Le don de l'ombre, que de venir témoigner des résonances éprouvées à la lecture. Résonances d'autant plus précieuses qu'elles viennent me parler de ce que nous partageons depuis plus de vingt ans, au sein du groupe de recherches "Littérature personnelle et psychanalyse", dont ....
De son expérience singulière d'enfants pris dans l'horreur de la Shoah, Aharon Appelfeld, écrivain israélien, a tissé une œuvre dont l'obsession est de relier par la mémoire sensorielle fichée dans son corps les fils qui le relient à l'Europe de son enfance, à ses parents, à la parole sacrée oubliée par les générations qui l'ont précédé. Inventeur d'une langue de l'intime créée par le silence et la méditation, il développe aussi un imaginaire d'artiste sous l'ombre familière et tutélaire de Kafka, par un jeu de miroirs où le réel se joue à la fois du document comme trace et du fantastique comme genre. Aharon Appelfeld a été lauréat du prix Médicis en 2004.
A partir du roman fantastique de Jacques Spitz, paru en 1945, "L'oeil du purgatoire", l'auteur interroge la notion de temporalité analytique et ouvre sur des questions liées à la singularité du fonctionnement de la vie psychique, mais aussi à l'actuel des algorithmes prédictifs et à l'intérêt de la science-fiction dans le devenir du futur de l'humain.
Les textes réunis dans le dossier de ce numéro sont issus des communications prononcées lors des deux dernières journées d'étude d'Annecy. Nous avons voulu faire de ces journées un lieu propice à l'échange, à la réflexion et à la rêverie, autour de la rencontre du psychanalyste et de l'écrivain – son écrivain. Ainsi souhaitions-nous faire entendre quelque chose du lieu où s'engage la subjectivité de chacun pour écouter, pour écrire, pour lire et pour penser l'autre ...
Le rêve et les choses. Exemple de rêve en forme de château de cartes. Le narrateur (puis le dormeur, puis le rêveur, puis l'emprunteur, le voleur, l'imposteur, puis l'enfant) de retour à la vie vigile recrée-retrouve l'objet perdu
Entre mélancolie et paranoïa, le texte de Philip K. Dick donne à voir les traces sensibles de l'originaire, qui sont à la base de ces deux façons d'être au monde et à soi-même. L'urgence d'écrire répond pour lui à une nécessité d'inscrire dans les mots cet affolement des images et des temporalités, marquant le désarroi du narcissisme primaire et la nécessité d'inventer le symptôme. Le futur ne serait-il que la confiance dans une mémoire espérante ? Au risque d'une désintrication des pulsions de vie et de mort.
Selon les récentes découvertes de 2017, dans l'histoire de l'Homo sapiens, le plus extrême lointain avent-hier de l'humanité daterait pour James Brink probablement de presque 500 000 ans, et en tout cas sûrement de plus de 315 000 ans ; ces quelque 315 000 années ont hébergé, avec leurs variantes, tous nos autres putatifs ascendants encore beaucoup plus lointains ...
Dans cet article, J.Peuch-Lestrade évoque les différents types de lien que la psychanalyse a tissés avec la science au cours de son histoire : d’abord illusion scientiste d’un ancrage biologique avec Freud qui était un darwinien convaincu, puis illusion d’une a-scientificité avec Lacan et d’une place à part pour la psychanalyse entre science et philosophie, mais en écart irréductible et définitif avec la biologie, enfin désillusion actuelle liée à la perte rapide et accélérée de son statut de science au contraire des approches cognitivo-comportementales dont la dimension scientifique n’est pas mise en question. Il interroge enfin la possible transformation de la psychanalyse à deux niveaux : au sein de sa métapsychologie et de sa pratique en écho aux changements contemporains du régime de l’autonomie dans la société, ainsi que dans son possible dégagement par rapport au réductionnisme d’une psyché conçue comme organe d’un corps uniquement fonctionnel.
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Premières lignes
Nous avons appris avec tristesse le décès, le 16 décembre 2016, à Albany (États-Unis), de John Balint, fils unique de Michael Balint (ex-Mihály Bergsmann) et d’Alice Székely Kovács. Il était né à Budapest le 11 février 1925, peu après le retour de ses parents partis à Berlin en 1921, sous le régime de l’amiral Horthy. À Berlin, son père travaillait dans un laboratoire de l’ig Farben et préparait un...
Si la belle amitié liant Sigmund Freud et Yvette Guilbert est bien connue, son éclosion et sa nature le sont beaucoup moins, faisant l’objet d’un formidable malentendu : celui d’une légende inaugurée par Jones, colportée jusqu’à ce jour, laquelle vient totalement en dénaturer l’essence. Loin d’être fondé sur la séduction d’un soir par le monde interlope de la nuit parisienne, l’attachement de l’analyste à la chanteuse se construit tardivement, autour de valeurs et de souffrances partagées, face auxquelles Yvette déploie de remarquables capacités sublimatoires propres à émouvoir le savant. Aussi est-ce la naissance et l’épanouissement de cette amitié qui se voient restitués ici.
Ce texte est le résumé d’un débat très étoffé organisé autour du livre L’envie de Cléopâtre Athanassiou-Popesco, par lequel elle propose après Freud, Melanie Klein et différents psychanalystes postkleiniens, sa théorisation et son étude clinique de l’envie. Selon elle, l’envie est « la réaction narcissique primaire d’un moi blessé par la confrontation mal gérée avec l’épreuve de la réalité », résultant d’une intolérance de l’existence adaptée du moi-réalité, par le moi-narcissique, qu’elle situe comme « centre de gravité de la vie psychique ». Le systématisme des défenses mises en place dans l’envie contre cette blessure archaïque exige beaucoup de tact et de patience de la part du psychanalyste. Une analyse – entre autres – du personnage shakespearien de Iago illustre la terrible destructivité résultant du vécu insupporté de l’existence blessante d’un autre.